Un millier de demandeurs d’asile, dont plus de 200 femmes et enfants, sont actuellement détenus dans la prison de Ktsiyot, dans le désert du Negev, en Israël, et certains y séjournent depuis près de six mois.
Fin septembre 2007, tous les nouveaux demandeurs d’asile africains ont été transférés sous des tentes dressées dans l’enceinte de la prison. Des militants d’associations israéliennes de défense des droits humains qui se sont rendus dans la prison pour s’enquérir des conditions de détention se sont dits choqués par les « conditions très difficiles » dans lesquelles les détenus vivaient dans le camp.
Yonatan Berman, avocat du service d’assistance téléphonique aux travailleurs migrants à Tel Aviv, a raconté sa récente visite au camp. « Les nuits sont extrêmes froides dans le désert, mais il n’y a pas de chauffage dans les tentes. Le vent s’engouffre dans ces tentes. Il n’y a pas d’eau chaude pour laver les enfants, dont l’âge varie entre trois semaines et 18 ans. Au moins 16 d’entre eux ont moins de deux ans », a-t-il dit.
« Les femmes et leurs enfants sont encore séparés des maris, malgré les affirmations des autorités pénitentiaires selon lesquelles le transfert des demandeurs d’asile sous les tentes visaient à réunir les familles. Il n’y a aucune assistante sociale pour prendre en charge ou assister les enfants qui ont subi de graves traumatismes », a expliqué M. Berman.
« Nous pensons que si les demandeurs d’asile sont détenus dans des conditions aussi déplorables, c’est pour dissuader d’autres de traverser la frontière égyptienne et d’entrer en Israël », a affirmé un travailleur d’une organisation non-gouvernementale (ONG), sous le couvert de l’anonymat.
Une femme soudanaise détenue dans l’enceinte de la prison a récemment accouché. Elle a été conduite à l’hôpital puis ramenée sous la tente avec son bébé. De même, un patient souffrant d’un cancer passe ses nuits sous la tente, exposé aux éléments.
« Nous essayons actuellement d’acheter des radiateurs pour fournir le chauffage et nous distribuons plus de couvertures et de vêtements chauds », a expliqué à IRIN un porte-parole des services pénitentiaires israéliens (IPS), reconnaissant toutefois qu’il « fait très froid » dans le camp.
En juin 2007, Israël a repris sa politique d’incarcération des demandeurs d’asile qui traversent illégalement la frontière poreuse avec l’Egypte. En juillet, l’IPS a ouvert un bâtiment distinct dans la prison de Ktsiyot pour les demandeurs d’asile.
Selon les Nations Unies et des ONG, quelque 4 000 demandeurs d’asile, originaires du Soudan et de l’Erythrée pour la plupart, sont entrés en Israël au cours des deux dernières années.
Education
Le porte-parole du ministère de l’Education a informé la presse que deux salles de classe avaient été ouvertes dans l’enceinte de la prison pour dispenser des cours aux enfants. En effet, selon la loi israélienne, tout enfant de moins de cinq ans résidant en Israël depuis au moins trois mois a droit à une éducation gratuite.
Mais pour M. Berman et l’avocat Oded Feller de l’Association pour les droits civils en Israël, cette disposition n’est pas appliquée correctement.
« Une enseignante dispense 10 heures de cours par semaine à une centaine d’enfants. Elle réunit certains enfants, elle les fait dessiner, puis s’en va. Ce n’est pas un enseignement convenable », ont affirmé les avocats.
Les enfants détenus « ne sortent jamais de la prison. Ils ne voient que les gardiens et les clôtures de la prison », a indiqué un travailleur bénévole à IRIN.