Des comptes bancaires d’Omar Bongo Ondimba, sur lesquels étaient déposés 4,2 millions d’euros, ont été bloqués en France. Le président gabonais aurait refusé, après sa condamnation en septembre par la Cour d’appel de Bordeaux, de rembourser à un chef d’entreprise les 457 347 euros que ce dernier lui avait versés pour sortir son père détenu dans une prison, à Libreville, en 1996.
Les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour Omar Bongo Ondimba. Alors qu’il se trouvait au chevet de son épouse, Edith, hospitalisée au Maroc et dont la santé s’est sérieusement dégradée (selon les sources officielles), qu’il faisait l’objet d’une plainte déposée en France, en décembre, par des ONG pour détournement de fonds publics, des comptes bancaires qu’il détient dans deux banques de l’Hexagone ont été saisis.
Le président gabonais possède au Crédit Lyonnais deux comptes de dépôt, deux comptes sur livret et un compte-titre, et à la BNP deux comptes-chèque, un compte-épargne et un compte-titre. Selon des propos rapportés ce jeudi, par le quotidien français Sud-Ouest, tous ces comptes ont été verrouillés depuis le 13 février dernier, et « les fonds déposés dans ces deux banques, soit 4,2 millions d’euros au total, ont été saisis ».
En septembre 2008, la cour d’appel de Bordeaux avait condamné Omar Bongo Ondimba à rembourser 457 347 euros au fils d’un chef d’entreprise français. Celui-ci avait payé au président gabonais le même montant pour faire libérer son père qui était détenu à Libreville, la capitale gabonaise. C’était en 1996. Selon Me Jean-Philippe Le Bail, l’avocat du chef d’entreprise, René Cardona, cette somme, ajoutée aux intérêts, a atteint plus d’un million d’euros. L’arrêt de la Cour d’appel de Bordeaux oblige Omar Bongo à payer ces intérêts. Mais le président gabonais a refusé de respecter cette décision de la justice française.
Le pourvoi en cassation de Bongo
René Cardona avait cédé sa société de pêche à une entreprise dont Omar Bongo, son épouse et deux de ses enfants étaient actionnaires. L’affaire n’ayant pas prospéré, le président avait demandé à René Cardona de reprendre sa société. Le Français avait refusé. Le président gabonais avait alors déposé une plainte pour escroquerie devant un juge d’instruction qui, selon Sud-Ouest, « n’était autre que son neveu ». René Cardona a alors été très vite condamné et emprisonné. Il n’a été libéré qu’après le versement par son fils de 300 millions de francs CFA soit 457 347 euros, sur le compte personnel d’Omar Bongo.
Face au refus du président gabonais de restituer cet argent, l’avocat du plaignant a fait appel, non sans difficultés, aux services des huissiers, raconte Sud-Ouest qui a révélé l’information. Nombre de ceux-ci auraient en effet refusé de saisir des biens du président gabonais, sous prétexte que les chefs d’État en exercice disposent d’une immunité. Pourtant, dans ce cas précis, ce n’est pas le président gabonais qui est visé mais la personne physique Omar Bongo. Et les faits qui lui sont reprochés n’ont aucun lien avec sa fonction. En plus, l’argent saisi n’appartient pas à l’Etat gabonais mais à un ressortissant de ce pays, écrit le quotidien français.
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