Des chenilles dévoreuses de cultures menacent l’Afrique de l’Ouest


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Des millions de chenilles légionnaires apparues au Libéria, début janvier, dévorent tout sur leur passage et polluent cours d’eau et puits. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture craint une crise alimentaire. La Guinée Conakry, pays voisin, vient d’être contaminée par ces insectes et la propagation risque d’atteindre d’autres Etats limitrophes. Au Libéria, la Fao en appelle à l’aide internationale.

L’État d’urgence est décrété au Liberia. Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du pays, a pris cette décision, ce lundi, pour face à l’invasion des régions du nord et du centre par des chenilles légionnaires. Il s’agirait de la plus grave attaque d’insectes depuis trente ans. Par dizaines de millions, ces chenilles dévastent tout sur leur passage, cultures et végétation. Parfois même des maisons, indique un communiqué du Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao). Selon les chiffres rapportés ce mardi par BBC, 80 villages auraient été dévastés et quelque 400 000 personnes ont dû quitter leurs habitations. Winfred Hammond, entomologiste et représentant de la Fao au Liberia, joint par Afrik.com, affirme qu’« il y a deux jours on était à 46 villages infestés, hier on parlait de 80 et aujourd’hui ont est à 102 villages ». Les chenilles avancent rapidement et l’étendue des dégâts n’est pas encore connue.

Plusieurs puits et cours d’eau ont déjà été infestés par les excréments de ces insectes. Selon les premières observations, il s’agirait des chenilles du genre légionnaire africain Spodoptera, spp dont la reproduction aurait été accrue par les changements climatiques, indique M. Hammond. Ces chenilles de couleurs noires et jaunâtres s’attaquent, en général, aux cultures de maïs, de mil, de sorgho…. « Mais nous avons appris que de grands arbres ont également été attaqués. Si cela se confirme, cela signifie que le problème est plus grave », affirme le représentant de la Fao au Liberia. Celui-ci signale que deux spécialistes, un Ghanéen et un Sierra-léonais ont été dépêchés, par l’Organisation des Nations unies, dans les zones infestées. Leurs analyses permettront de savoir s’il s’agit d’une seule et même espèce de chenille, ou d’un mélange de plusieurs espèces. Les insecticides adéquats et une méthode de désinfection seront déterminés.

Le spectre d’une crise alimentaire dans la sous région ouest-africaine

Le désastre ne s’arrête pas au Liberia. Les insectes dévastateurs ont atteint la Guinée et se dirigent vers les pays voisins, notamment la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire. « Mon homologue en Guinée m’a confirmé que ces chenilles ont attaqué des villages situés à 25 km de la frontière avec le Liberia », déclare M. Hammond. Plusieurs localités de la préfecture de Yomou (à 1.200 km au sud-est de Conakry, la capitale guinéenne) ont été envahies par ces insectes ravageurs, rapporte ce mercredi Romandie. Une « action urgente est en train d’être prise pour faire face à ce fléau qui risque de compromettre des récoltes en détruisant les jeunes pousses », affirme-t-on en Guinée.

Une chose est sûre, si rien n’est fait dans les meilleurs délais on pourrait voir apparaître la deuxième génération de ces chenilles. Ce qui doublera les risques d’une grave crise alimentaire, sanitaire et environnementale, prévient M. Hammond.
Du Côté de la Sierra-Leone et de la Côte d’Ivoire, les voisins les plus proches du Liberia, les autorités s’activent. Ces deux pays sont à des distances que peuvent atteindre ces insectes, assure l’entomologiste. Le ministère sierra-léonais de l’agriculture a lancé un vaste plan pour se protéger contre l’invasion des chenilles légionnaires. « Nous avons envoyé d’énormes quantités d’insecticide et des centaines de personnes vers les six districts (frontaliers du Libéria et de la Guinée) », a indiqué, à l’AFP, le chef du service de protection des récoltes, Ibrahim Shami. La Sierra-Leone avait déjà connu des invasions de chenilles à la fin des années 70 et au début des années 80.

Ce mardi, en Côte d’Ivoire, les autorités se sont, elles aussi, déclarées « préoccupées » et se préparent à faire face à une éventuelle invasion. Elles ont envoyé une mission aux frontières avec la Guinée et le Liberia. Dans ce dernier pays, d’où est partie l’invasion, Winfred Hammond signale que des informations plus fiables sur ces chenilles destructrices seront connues dans deux jours environ. «Une lutte intégrée», dit-il, sera alors organisée. Elle impliquera les populations des régions touchées.

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