La filière arachide est en danger. Les paysans sénégalais n’ont pas perçu leurs dûs depuis deux ans. La privatisation du secteur a été un ratage. Les partis de la mouvance présidentielle ont engagé une équipe d’avocats pour traquer les opérateurs véreux.
Le président Abdoulaye Wade a fini par reconnaître que la privatisation de la filière arachide avait été faite dans la précipitation. Les opérateurs privés n’étaient pas assez organisés pour prendre en charge le secteur. Résultat : les paysans sont impayés depuis deux ans et la filière est en danger. La Convergence autour du président de la République pour le 21ème siècle (Cap 21) – une trentaine de partis qui forment la mouvance présidentielle- est aux trousses des opérateurs indélicats qui ont spolié les paysans. Le scandale s’élèverait à plus de 12 milliards de F cfa (18 989 675 euros). La Cap 21 a décidé de constituer un groupe d’avocats » patriotes » pour apporter une aide juridique aux producteurs et pour traquer les mauvais payeurs, soit la majorité des 1 500 opérateurs de la filière.
Les bons impayés
Le gouvernement a, dans un premier temps, refusé de reconnaître l’échec de sa politique libérale concernant la filière et nié l’existence des fameux » bons impayés « . Les opérateurs privés, agréés et aidés financièrement par l’Etat, offraient aux paysans des » bons » encaissables après la vente de la récolte. Mais rares sont les bons qui ont été honorés. Avant l’arrivé au pouvoir en avril 2000 du président Wade, la commercialisation de l’arachide était gérée par une société d’Etat, la Sonagraines (filiale de la Sonacos, société nationale de commercialisation des oléagineux). La désorganisation de la filière a été la cause de la mévente de la récolte. En 2001, selon le ministère de l’Agriculture, seule une infime partie de la production estimée à 1,2 million de tonnes avait pu être écoulée.
Les autorités ont choisi la manière dure pour sauver le secteur. » Nous allons constituer un pool d’avocats patriotes qui apportera toute l’assistance judiciaire nécessaire aux paysans spoliés pour attirer devant les tribunaux ces opérateurs indélicats. Il n’est pas question de laisser impuni ce crime économique, sinon c’est toute la filière arachidière qui sera compromise à jamais « , tranche Iba Der Thiam, le coordinateur de la Cap 21 et 2ème vice-président de l’Assemblée nationale.
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