Des athlètes kenyans maltraités par leur manager


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Le manager sportif français Jean Conrath a été présenté au parquet de Strasbourg samedi dernier pour avoir hébergé quinze athlètes kenyans de haut niveau dans des conditions « contraires à la dignité humaine ». Ces athlètes, arrivés il y a un peu plus d’un mois, louaient, pour 200 euros par matelas, deux chambres sans douche ni chauffage, dans une vétuste maison délabrée à Vendenheim, dans la banlieue de Strasbourg.

Par Vitraulle Mboungou

Jean Conrath, un manager alsacien, a été déféré devant le tribunal de Strasbourg pour « hébergement de personnes dans des conditions contraires à la dignité humaine ». Depuis plus d’un mois, il hébergeait dans des conditions misérables 15 coureurs de fonds d’origine kenyane, 11 hommes et 4 femmes, à Vendenheim, dans la banlieue strasbourgeoise. Ces sportifs de haut niveau en stage en France se sont plaints auprès de la mairie de l’accueil qui leur était fait. Ils étaient hébergés dans deux chambres sans confort, sans douche ni chauffage. Des chambres pour lesquelles ils auraient payé 200 euros par matelas. Les Kenyans accusent également le manager d’avoir conservé des sommes d’argent gagnées lors de compétitions. L’ancien champion régional d’athlétisme avait été entendu le mardi 29 novembre, avant d’être placé en garde à vue le jeudi 1er décembre, à la gendarmerie de Brumath (Bas-Rhin). Présenté samedi dernier au parquet de Strasbourg, qui a transféré son dossier au tribunal correctionnel de Strasbourg, il sera jugé le 1er février 2006. En attendant, il ne peut plus exercer sa fonction de manager.

Le maire de Vendenheim Henri Bronner (sans étiquette), à l’origine de la plainte, a signalé à la presse que ces marathoniens habitaient « dans un taudis…sans douche et se chauffant en faisant bouillir de l’eau sur deux plaques électriques ». Il a indiqué être au courant du sort de ces sportifs depuis une dizaine de jours, suite à leurs plaintes auprès de l’équipe municipale qui, honorée de leur présence, leur avait laissé libre accès au stade de la ville pour qu’ils puissent s’entraîner. Il a alerté la gendarmerie après avoir visité la petite maison où ils étaient hébergés. « J’ai vu que la maison était trop petite pour 15, sans meubles, avec quatre chaises et deux petites tables », a-t-il ajouté. La population locale s’est immédiatement mobilisée pour aider ces athlètes. Ils ont été logés chez le maire, des particuliers ou dans un centre d’hébergement et la municipalité assure leurs repas. Les sportifs kenyans ont pu ainsi bénéficier du soutien des habitants de cette petite ville du Bas-Rhin, extrêmement choquée par cette affaire. En outre, Henri Bronner a pris un arrêté d’insalubrité qu’il a fait placarder sur la porte de la maison.

Jean Conrath « traumatisé par toute cette affaire »

Parmi les sportifs maltraités se trouvaient Evans Cheruyiot, vainqueur du marathon de Paris (20 km) le 16 octobre dernier. « Ce qui nous est arrivé est triste, nous ne pouvions pas nous imaginer être reçus dans des telles conditions », a indiqué Bernard Kofjei, devenu porte-parole de ces coureurs dans cette mésaventure. Plusieurs d’entre eux sont retournés cette semaine au Kenya et parmi ceux qui sont restés, beaucoup disposent d’un billet de retour au départ de Francfort en Allemagne. Les services préfectoraux ont été sollicités pour faciliter leur transfert de Strasbourg à l’aéroport allemand.

Interrogé par le quotidien alsacien, Dernières Nouvelles d’Alsace le 1er décembre dernier, Jean Conrath s’est quant à lui dit « traumatisé » par toute cette affaire. Le manager nie avoir exploité ces 15 athlètes et affirme que leurs conditions d’hébergement étaient loin d’être misérables. Selon lui, des travaux venaient d’être effectués et il manquait juste la douche, qui devait être installée avant janvier prochain. L’Alsacien, qui pense avoir été purement et simplement victime d’un complot, a proféré à son tour des accusations contre les coureurs kenyans : « Ils ont emporté des couverts, la radio et ont laissé des déchets un peu partout dans la maison ». Il a ajouté craindre pour sa vie : il aurait été menacé de mort s’il retournait encore au Kenya.

Il semblerait que ce n’est pas la première fois que des athlètes kenyans se retrouvent dans ce type de situations. Un groupe de kenyanes a été amené dans des circonstances similaires en Italie en juin dernier. Mais aucune action n’a été menée contre leur manager, qui avait oublié de les faire enregistrer au service de l’immigration.

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