Des associations clientélistes à l’assaut de Paul et Chantal Biya


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Des organisations de la société civile qui soutiennent l’action du président Paul Biya et ou de son épouse pullulent au Cameroun et en Europe. Mais dans les faits, leurs motivations sont plus guidées par des intérêts égoïstes et clientélistes que par les objectifs affichés.

(De notre correspondant)

Il n’est pas rare de voir des véhicules portant des inscriptions « laisser passer » avec le drapeau national et le nom de l’organisation concernée circuler dans les villes camerounaises. Sur les lignes interurbaines où les contrôles routiers intempestifs battent leur plein, les véhicules exposant ces sauf-conduits et qui se revendiquent proches du président de la République ou de son épouse ne sont nullement inquiétés. « J’évite toujours d’interpeller les voitures qui portent ces sauf-conduits même si je pense qu’ils peuvent transporter des brigands. Leurs propriétaires ou les usagers à bord sont parfois si côtés auprès de la haute administration que les déranger pendant quelques minutes peut vous créer des problèmes », confie sous anonymat un inspecteur de police de la circulation.

Selon lui, un de ses collègues qui avait immobilisé en 2004 un véhicule portant un sauf conduit estampillé jeunesse du Président Biya (Presby) avait été sévèrement sanctionné par sa hiérarchie. « Notre commissaire qui avait été sûrement informé par les occupants du véhicule en question a appelé mon collègue et lui a ordonné de libérer le véhicule et ses occupants. Quelques semaines après, le collègue a été traduit au conseil de discipline et sanctionné pour violation de consignes », ajoute l’inspecteur. De nombreuses associations créées officiellement pour soutenir la politique du Président Paul Biya pullulent au Cameroun. Ils revendiquent tous leur totale adhésion à la politique du président de la République et prétendent travailler ouvertement ou en catimini pour son maintien au pouvoir et la réussite de sa politique.

A chacun son slogan

Fort de son slogan « Tous pour un, un pour tous », la ligue des supporters de Paul Biya se présente comme le véhicule par excellence de la vision politique du président de la République auprès de la masse silencieuse. « Contre l’aventure, nous nous engageons, seule la dynamique du Président Paul Biya mérite un large soutien », professent les membres de cette organisation au cours de leurs différentes descentes dans les quartiers des grandes villes à l’approche des élections. L’objectif étant de susciter des adhésions au mouvement, convaincre les adultes de s’inscrire sur les listes électorales et voter pour Paul Biya. « Nous agissons comme des sous-marins et ne faisons pas de publicité sur nos actions qui ont pourtant une très grande portée sur le plan national et même en dehors du pays où nous comptons de nombreux membres et sympathisants », soutient Emmanuel Eding, président régional pour le littoral de cette organisation. De grands calendriers dont chaque feuillet abonde de photos du président et de son épouse en action sont conçus chaque année par cette organisation et distribués à des milliers de personnes, aux entreprises et aux organisations.

Le rassemblement des diplômés de l’enseignement supérieur pour la dynamisation du renouveau (RDDR) ne s’en vante pas moins d’être la machine électorale et le bras intelligent du chef de l’Etat et de son parti politique. Très actifs à la veille de chaque élection présidentielle, le RDDR déborde de stratagèmes et de subterfuges pour conduire son candidat à la victoire. « Nous inscrivons les jeunes acquis au RDPC (le parti au pouvoir) sur les listes électorales par arrondissement et par circonscription électorale, participons activement et massivement aux meetings de campagne et nous assurons le jour du vote que tous nos membres et sympathisants ont effectivement voté notre candidat », explique André Luther Meka, président de l’antenne RDDR de l’université de Douala. Le jour des élections, des membres de ce mouvement opèrent également comme scrutateur pour le compte du parti au pouvoir. Des Camerounais de Suisse se sont tout aussi illustrés en créant à la veille de la dernière élection présidentielle le « Oui mondial à Paul Biya ».

La quête du positionnement

La Jeunesse du Président Paul Biya, la plus connue de toutes ces organisations pléthoriques ne se présente pas moins comme le bras séculier du président de la République lui-même. Solidement implantée dans le pays où elle compte des antennes dans toutes les régions, elle se confond avec l’organe des jeunes du parti au pouvoir et jouent pratiquement le même rôle.

L’adage du « derrière chaque grand homme se cache toujours une grande femme » n’a pas échappé aux admirateurs et supporters supposés du chef de l’Etat. De nombreuses autres associations alignées sur le même créneau ont été créées ces dix dernières années pour soutenir en plus des actions de Paul Biya, celles de son épouse. On compte ainsi le Cercle des anciens camarades de Chantal Biya (CACCB), la Jeunesse active pour le soutien de Chantal Biya (JACHABI), ou encore la Jeunesse de la Haute Sanaga pour le soutien au couple présidentiel (JASCOBI).

Comme toutes les associations et donc membres de la société civile, ces organisations se présentent comme étant à but non lucratif. Elles tirent donc officiellement leurs ressources de financement entre autres des cotisations de leurs membres que non. Si au « Club Biya », plusieurs membres soutiennent se cotiser pour mener leurs activités, cela n’est pas le cas pour les autres qui attendent plutôt une rémunération du parti au pouvoir. L’adhésion à ces différents mouvements est davantage motivée par les avantages multiples qu’on en retire.

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