Ce lundi, la campagne pour la Présidentielle, ouverte depuis le 19 novembre, prend fin. Les différents candidats tiennent donc leurs derniers meetings et font leurs dernières promesses. Tous veulent marquer l’esprit des électeurs en cet ultime jour de campagne.
Félix Tshisekedi, Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Denis Mukwege, etc., tous veulent marquer l’esprit des 44 millions d’électeurs congolais, en ce dernier jour de campagne. Un mois durant, ils ont essayé de parcourir le pays pour haranguer les foules, tenter de convaincre les électeurs, faire des promesses pour aguicher. Ce dernier jour de campagne, les candidats à la présidence de la République tiennent leurs derniers meetings. Certains comme Martin Fayulu l’ont fait depuis samedi.
Félix Tshisekedi joue la carte de la guerre contre le Rwanda
Ce lundi, c’est depuis la place Sainte-Thérèse/N’djili à Kinshasa que le Président candidat, Félix Tshisekedi, s’est adressé à ses militants. Après une campagne passée à lancer des piques au Président rwandais, Paul Kagame, c’est un Félix Tshisekedi apparemment déchaîné qui s’est adressé à la population kinoise, ce lundi. Il a joué la carte de la guerre contre le Rwanda. « Si vous m’accordez un deuxième mandat, je réunirai les deux chambres du Parlement pour avoir l’autorisation de déclarer la guerre au Rwanda », a-t-il déclaré. Des propos qui n’ont pas manqué de susciter des cris d’excitation dans la foule venue écouter le candidat à sa propre succession. Et le Président tout galvanisé d’ajouter : « Dites à Kagame qu’on ne blague pas avec Fatshi Béton. Depuis Goma, on peut aujourd’hui attaquer Kigali ».
En faisant cette affirmation maintenant, Félix Tshisekedi s’aligne désormais sur la position de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito – lui-même candidat à cette Présidentielle – qui déclarait, en décembre 2019, ce qui suit : « Il faut faire la guerre au Rwanda pour rétablir la paix dans la région. Le Rwanda influe sur la politique congolaise. L’Ouganda aussi. Nous ne pouvons faire la paix qu’en menaçant le Rwanda, en occupant son territoire si possible. Ce n’est pas un objectif en soi, c’est une posture si rien ne change ».
En ce temps-là, Félix Tshisekedi était, lui, dans une posture pacifique, prônant le rapprochement avec les deux voisins et défendait une mutualisation des efforts de lutte contre les groupes armés écumant l’Est de la RDC. Quatre ans plus tard, face à son échec dans ses tentatives de restauration de la paix à l’Est du pays, Félix Tshisekedi opère un virage à 360°, et rejoint ainsi un autre candidat à la Présidentielle. Plus tôt cette année, Noël Tshiani avait fait l’apologie de la guerre contre le Rwanda pour ramener la paix dans la partie orientale de la RDC.
Dans son fief de Lubumbashi, Moïse Katumbi promet de récupérer toutes les mines du Katanga
C’est dans son fief de Lubumbashi, chef-lieu de l’ancienne province minière du Katanga, qu’il a dirigée de 2007 à 2015, que Moïse Katumbi a tenu son dernier grand meeting. Devant des partisans en liesse, l’ex-gouverneur a touché un sujet sensible : la question des mines dans une région extraordinairement dotée par la nature, mais dont les populations sont scandaleusement pauvres. « Si vous m’élisez comme président de la République, je récupérerais toutes les mines du Katanga bradées par le pouvoir (…) pour donner du travail aux Congolais », a-t-il scandé. Des analystes soutiennent que Moïse Katumbi a mené la meilleure campagne et se positionne comme le plus grand challenger de Félix Tshisekedi. Selon ses proches, ses accomplissements en tant que gouverneur de l’ancienne province du Katanga constituent d’importants atouts pour sa victoire.
Denis Mukwege maintient sa candidature
Ce dernier jour de campagne, le docteur Denis Mukwege s’est également adressé à ses militants. Un message dans lequel le prix Nobel de la paix confirme le maintien de sa candidature. Il prend ainsi de court ceux qui spéculaient sur son désistement éventuel. Il appelle ses compatriotes à sortir massivement, le 20 décembre, pour accomplir leur devoir civique. « Le 20 décembre, chaque électeur doit voter pour refuser avec force la guerre et d’être complice des manœuvres électorales ourdies par des architectes de l’apocalypse du Congo. Le 20 décembre, chaque compatriote doit refuser de participer au discrédit et à l’enterrement de la démocratie », insiste-t-il.
Et d’ajouter : « Votez pour dire non à la descente incessante de notre pays aux enfers, conformément à ce que nous demande l’article 64 de notre Constitution. Faites-le non pas seulement par solidarité envers les compatriotes de notre pays et de Kwamouth, surtout pour ne pas être complice de cette escroquerie électorale qui risque de faire de notre patrie, en ce jour du 20 décembre, la capitale mondiale de la fraude électorale. Votez pour le plan de paix, votez pour le N°15 ». Voilà qui vient sonner le glas des supputations sur son désistement en faveur d’un autre candidat.
Martin Fayulu promet une lutte implacable contre la corruption et la mauvaise gouvernance
C’est le samedi dernier que Martin Fayulu a tenu son dernier grand meeting. « Félix Tshisekedi ne peut pas être réélu », a-t-il déclaré devant des milliers de militants, dans le quartier Thérèse, à Kinshasa. Au cours de ce meeting, Martin Fayulu est revenu sur ce qu’il n’a jamais admis, depuis 2018 : sa défaite face à Félix Tshisekedi, en 2018. « Notre pays, la République Démocratique du Congo, a été vendu à des étrangers. Pour devenir Président, il faut s’adresser aux étrangers afin qu’ils puissent trouver un accord pour que vous deveniez Président. Félix Tshilombo aurait-il été élu Président en 2018 ? », questionne-t-il.
L’opposant propose de ramener l’unité nationale perdue depuis le départ du pouvoir du maréchal Mobutu. Une lutte implacable contre la corruption fait également partie des priorités de celui qui veut succéder à Félix Tshisekedi. « Nous allons lutter contre la corruption, nous allons faire ce qu’on appelle en français »une gouvernance intègre ». Si vous volez de l’argent de l’État, où finirez-vous ? Vous irez en prison après enquête, et on verra bien », soutient-il. L’insécurité à l’Est sera l’autre grand combat du leader de l’ECiDé.
Mercredi, les 44 millions d’électeurs iront dans les urnes élire leur président de la République, leurs députés nationaux et provinciaux ainsi que leurs conseilleurs municipaux. Une élection sur laquelle pèsent encore des incertitudes. Puisqu’à l’heure actuelle, la CENI continue d’acheminer le matériel électoral dans les 75 478 bureaux de vote. En RDC, l’élection présidentielle est à un tour. Donc, le candidat qui obtient le plus de voix est directement déclaré vainqueur.