Voici bientôt cinq ans que je n’ai eu de cesse de dénoncer la descente aux enfers de l’espérance démocratique que les Ivoiriens avaient cru voir naître après la chute du régime ivoiritaire de Laurent Gbagbo, en avril 2011.
Voici bientôt cinq ans que mes tribunes soulignent l’échec socioéconomique de la gouvernance Ouattara et la montée en flèche de la violence d’Etat qui est clairement le mode de compensation du déficit de légitimité et de légalité dont souffre de plus en plus cruellement le régime du RHDP. Se sont joints à cette lecture objective de la situation ivoirienne, les figures politiques majeures que sont les Présidents Henri Konan Bédié et Guillaume Soro, pourtant ex-alliés du Président Ouattara, sans lesquels il n’aurait jamais pu franchir les portes du palais présidentiel d’Abidjan.
Voici donc qu’à la veille de l’année électorale cruciale de 2020, les populations de Côte d’Ivoire sont à nouveau livrées à l’angoisse et à la montée en puissance d’une atmosphère de terreur ouverte et larvée : menaces, harcèlements, faux complots, limogeages abusifs de cadres de l’opposition, gaspillage massif des fonds publics dans le clientélisme ostentatoire du pouvoir, enlèvements d’opposants, marchés publics livrés à la corruption d’Etat, pauvreté de masse déniée, brutalisations de citoyens, arrestations et détentions arbitraires, assassinats de militants et de militaires soupçonnés de proximité avec le leadership de l’opposition, menaces d’exclusions de candidats légaux et légitimes à la future élection présidentielle, annonce de millions d’électeurs imaginaires au profit du RHDP au pouvoir, campagne internationale mensongère contre l’opposition, confiscation de la Commission Electorale par le parti au pouvoir, etc !
Les violations flagrantes des lois ivoiriennes sous Alassane Dramane Ouattara sont légion : depuis la fusion des trois pouvoirs de l’Etat sous la bannière de l’exécutif jusqu’à la violation sur ordre de Ouattara lui-même, du droit militaire ivoirien qu’il est supposé protéger, les données empiriques sur l’enkystement d’un processus dictatorial en Côte d’Ivoire sont des certitudes apodictiques. Dès lors question : que fait le monde pendant que la Côte d’Ivoire s’enlise à nouveau vers d’irréparables tragédies collectives ? Que penser de l’espèce de surdité et de cécité qui semble continuer d’habiter les organisations régionales, continentales, européennes, américaines, internationales sur ce qui se trame actuellement contre la paix, la liberté et la dignité du Peuple de Côte d’Ivoire ?
Le principal obstacle à la stabilité de la Côte d’Ivoire aujourd’hui, c’est celui qui menace, limoge, harcèle, appauvrit, brutalise, emprisonne, exile, divise, fait assassiner les consciences ivoiriennes libres. C’est le régime de M. Ouattara
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et de perplexité une déclaration récente d’un conseiller du Président français, Emmanuel Macron, dans laquelle, parlant de la Côte d’Ivoire, ce conseiller affirmait au nom de la France, ce qui suit : « Nous souhaitons que soient préservées la stabilité, la concorde nationale et la capacité de réforme qui sont les acquis de Ouattara ». N’est-ce pas une bien curieuse compréhension de ce qui se passe sur le terrain en Côte d’Ivoire ? Par quel sortilège françafricain ce conseiller ignore-t-il les coupables réels de la dérive en cours en Côte d’Ivoire ? Le principal obstacle à la stabilité de la Côte d’Ivoire aujourd’hui, c’est celui qui menace, limoge, harcèle, appauvrit, brutalise, emprisonne, exile, divise, fait assassiner les consciences ivoiriennes libres. C’est le régime de M. Ouattara. Comment l’adversaire du pardon et de la réconciliation interivoiriens, qui manœuvre en force pour empêcher le retour de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé dans leur pays, qui lâche ses chevau-légers pour menacer Guillaume Soro de coups et blessures, de djihadisme, de poursuites judiciaires controuvées, qui confisque la Commission électorale avec les militants de son parti, qui traque le leadership de l’opposition ivoirienne nuit et jour, comment ce conseiller français peut-il l’ombre d’un instant penser qu’Alassane Ouattara soit encore gage de stabilité de ce pays ? Où trouver la concorde nationale quand le régime au pouvoir refuse d’organiser dans des conditions de transparence, d’équité, et de consensus des forces politiques, la commission électorale qui doit réaliser les élections générales de 2020 ? Où est la capacité de réforme supposée de M. Ouattara quand on le voit précisément se braquer contre tout ce qui pourrait privilégier l’ouverture, le consensus, le compromis entre toutes les forces politiques en présence ?
Ceci pose inévitablement un problème plus central : le sort des populations de Côte d’Ivoire est-il au centre des préoccupations de ceux qui font mine d’ignorer le rôle nocif de la dictature Ouattara dans la dégradation de l’atmosphère sociale, psychologique, économique et politique en cours dans ce pays ? Manifestement, les idolâtres du mythe d’une stabilité, d’une paix, d’une concorde et d’un esprit de réforme assurés par Alassane Dramane Ouattara songent davantage à leurs propres intérêts qu’à ceux des Ivoiriens. Pendant que les échanges de bons offices entre Ouattara et ses étranges amis hexagonaux se poursuivent sous forme de passages de pommades doucereuses réciproques, près de 50% des Ivoiriens, soient environ 13 millions de personnes vivent en deçà du seuil de pauvreté ; la Côte d’Ivoire croule sous le poids du chômage de 70 à 90% de sa population en âge de travailler ; la Côte d’Ivoire caracole en tête des pays africains, en matière de taux de suicides annuels ; la Côte d’Ivoire est toujours en bas du tableau du développement humain, puisque le PNUD la classe 170ème pays sur 189 au monde ; la dette publique ivoirienne s’est multipliée par 5 entre 2012 et 2019 ; les crises agricoles, estudiantines, foncières, migratoires, sécuritaires, se multiplient et se rapprochent d’année en année, malgré tous les démentis d’un régime passé maître dans la politique de l’autruche. Et par-dessus, les prisons politiques ivoiriennes s’emplissent de nouveau de citoyens dont le seul crime est d’être engagés dans l’opposition républicaine ou proches du leadership de l’opposition. Et par-dessus tout, le régime Ouattara abat, sur la partie nord de la Côte d’Ivoire, une tempête répressive sans précédent contre les soroistes, qu’il limoge, menace, pourchasse, brutalise, élimine et emprisonne compulsivement.
Le monde ne dira pas que le cri du peuple ivoirien étranglé n’était pas audible. La CEDEAO et tous les chefs d’Etat ouest-africains qui rasent les murs sans alerter et s’alerter de ce que la Côte d’Ivoire devient depuis qu’Alassane Ouattara s’est décidé à violer les articles 55 et 183 de la constitution de 2016, toutes ces autorités ouest-africaines dis-je, ne diront pas qu’on ne les avait pas prévenus
Les intellectuels ivoiriens, de tous bords, qui voient cette dérive et se taisent ne feront pas semblant de s’en alarmer quand l’implosion viendra. Les partis politiques qui ferment les yeux sur l’inacceptable savent qu’il ne leur restera plus bientôt qu’à fermer boutique et à sortir de l’Histoire. Le monde ne dira pas que le cri du peuple ivoirien étranglé n’était pas audible. La CEDEAO et tous les chefs d’Etat ouest-africains qui rasent les murs sans alerter et s’alerter de ce que la Côte d’Ivoire devient depuis qu’Alassane Ouattara s’est décidé à violer les articles 55 et 183 de la constitution de 2016, toutes ces autorités ouest-africaines dis-je, ne diront pas qu’on ne les avait pas prévenus. L’Union Africaine, qui a laissé le tchadien Moussa Faki Mahamat déblatérer sur la Commission électorale truquée de Ouattara ne viendra pas après-coup s’inquiéter de son mutisme convenu devant la kyrielle de violations du processus démocratique par le régime du RHDP. L’Union Européenne, dont les avertissements pertinents ne sont pas encore suivis de véritables coups de poing sur la table contre la dérive dictatoriale de Ouattara sait qu’elle aura, en cas d’hésitation avant d’autres drames plus grands, sa part de responsabilité évidente dans l’aggravation du flux migratoire ivoirien vers ses côtes paradisiaques. L’ONU, dont la récente délégation à Abidjan a pu apprécier l’ampleur des dégâts antidémocratiques, sait désormais que c’est tout son engagement historique en Côte d’Ivoire, depuis 2003, qui est résolument remis en cause par la confiscation en cours des institutions électorales sous Ouattara.
Oui, une question universelle est posée à tous : intellectuels, leaders d’opinion de Côte d’Ivoire, d’Afrique et du monde, allez-vous continuer à vous faire complices du malheur des Ivoiriens par votre silence face à la dérive inhumanitaire en cours ? Organisations régionales et continentales africaines, organisations et Etats européens, américains, et vous, organisations mondiales, qu’attendez-vous pour crier haro sur le baudet Ouattara, avant qu’il n’endommage encore plus gravement le destin des Peuples et Générations de Côte d’Ivoire ? Cette question est celle du droit de l’humanité ivoirienne à sortir enfin du pouvoir archaïque des politiques du sang et de l’argent, pour entrer dans une civilisation résolue de la liberté, de la prospérité et de la dignité. Cette question est, incontestablement, le leitmotiv vivant du Mouvement Générations et Peuples Solidaires, qui autour du leader Guillaume Kigbafori Soro, a désormais la lourde charge historique d’offrir sa grandeur retrouvée à la Côte d’Ivoire bien-aimée. Oui, mesdames et messieurs, aidez-nous à relever la Côte d’Ivoire !