Démocratie : le Niger de Mahamadou Issoufou, un pays qui étonne


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L'ex-Président du Niger, Mahamadou Issoufou
L'ex-Président du Niger, Mahamadou Issoufou

Dans un contexte sous-régional ou même continental marqué par la fièvre des troisièmes mandats et les victoires au premier tour par les partis au pouvoir, le Niger de Mahamadou Issoufou fait figure d’exception. Une première dans l’histoire du pays.

Le Niger du Président Mahamadou Issoufou semble écrire de nouvelles pages de son histoire politique. En effet, depuis son indépendance en 1960, le pays n’a connu son premier scrutin présidentiel démocratique qu’en 1993, avec l’élection de Mahamane Ousmane. Mais son régime n’a d’ailleurs pas fait long feu, puisque trois ans après son investiture, le Président Ousamane a été renversé par un coup d’Etat mené par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara. Ce dernier sera assassiné en 1999, à l’occasion d’un putsch dirigé par le commandant Daouda Malam Wanké. La même année, conformément à sa promesse, le commandant Wanké céda le pouvoir au Président élu à l’occasion des élections législatives et présidentielle d’octobre et novembre 1999, le colonel Mamadou Tandja.

Réélu en décembre 2004, Mamadou Tandja tente, à quelques mois du terme de son deuxième mandat constitutionnel, un passage en force en obtenant une prolongation de trois ans pour, prétendait-il, « achever les chantiers entrepris ». Les vives contestations engendrées par la démarche du Président Tandja servirent de base à l’intervention de l’armée qui, le 18 février 2010, mit un terme à ses ambitions.
Des élections jugées libres et transparentes par les observateurs portèrent au pouvoir Mahamadou Issoufou, en avril 2011.

Mahamadou Issoufou, un démocrate bon teint

Réélu en 2016, Mahamadou Issoufou a décidé de ramer à contre-courant, en respectant la Constitution de son pays qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Ramer à contre-courant, puisque la tendance dans la sous-région est à la violation flagrante de la Constitution et au passage en force vers le troisième mandat. En décidant de respecter la Constitution de son pays, Mahamadou Issoufou inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire de son pays, et démontre que le respect du jeu démocratique a encore de beaux jours en Afrique, en dépit des mauvais exemples qui pullulent.

Mieux, les résultats du scrutin présidentiel du 27 décembre 2020 placent en tête le dauphin de Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum, avec 39,33 % des suffrages, devant l’ancien Président Mahamane Ousmane crédité de 16,99 % des voix, invitant alors les deux candidats à un second tour, le 20 février 2021. Là encore, le Niger a donné une leçon de démocratie qui mérite d’être salué dans une sous-région et dans une Afrique où les partis au pouvoir ont une peur bleue du second tour, et préfèrent faire feu de tout bois pour remporter la victoire au premier tour.
Des dirigeants de la trempe de Mahamadou Issoufou, l’Afrique en a besoin pour une avancée de l’expérience démocratique sur le continent. J’ai dit.

A lire : Niger : Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane pour un second tour

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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