Dufaux et Miralles rouvrent les portes du harem. Le tome 2 de Djinn, variation orientale sur un thème sensuel, retient l’intrigue qui se dessinait dans le volume précédent. Vingt ans plus tard, les décors changent, les caractères se durcissent, mais les corps dansent toujours avec la même virtuosité.
Album miroir que ce deuxième tome de la bande dessinée Djinn. Ana Miralles et Jean Dufaux rouvrent les portes du harem. Ce pourrait être aujourd’hui, quelque part, à l’ombre des minarets sales et des mosquées usées. Décor sur fond de décadence. Une héroïne très actuelle s’aventure sur les traces de sa grand-mère, Lady Nelson. Des traces qui la mènent au coeur d’un mystère que le temps n’a pas érodé. La somptuosité du harem, la complexité des désirs qui l’animent, traversent les époques. Moins diaphane, plus fougueuse que son aïeule, Kim Nelson part à la recherche du charme perdu de l’Orient. De 1939 à nos jours, le pont est franchi, la même histoire se reproduit… ou presque.
Onirisme sensuel et roman noir
Il y aurait comme un modèle d’histoire. L’histoire parfaite, le conte des mille et une nuits chargé d’érotisme de Lady Nelson. Couleurs chaudes, pastel. Délicatesse des traits. Cette femme de diplomate anglais se perd dans le harem comme on s’égare au fil d’un rêve. En regard, les planches de l’histoire de Kim. La brutalité sauvage de l’empire ottoman déchu. Les coups de gueule d’une fille qui sait ce qu’elle veut. Qui fonce. Qui avance dans le monde du harem en quête de son passé, de vérité, et d’héroïsme. Couleurs crues. Corps difformes. Fascinante symétrie.
L’album tient en haleine du début à la fin. Le miroir menace à chaque instant de se briser. Jusqu’où l’aventure suivra-t-elle pas à pas le conte ? Quand le conte basculera-t-il dans le roman noir ? Les deux femmes progressent dans un jeu inconnu, interdit. Mi-maîtresses, mi-victimes. Et jusqu’à la fin demeure la question : qui donc fixe les règles ?
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