Le Festival de l’Imaginaire à Paris permet d’aller à la rencontre de cultures méconnues. Celle des Ouldémé, agriculteurs du Nord du Cameroun, pleine de force et de poésie, a su s’intégrer à la scène de la Maison des Cultures du Monde. Une parenthèse musicale sur laquelle le temps n’a plus prise.
Les Ouldémé des monts Mandara, région enclavée entre le Nigeria et le Tchad à l’extrême nord du Cameroun, vivent en osmose avec la nature et rythment les saisons par une tradition particulière. La plupart de ceux qui se retrouvent sur la scène de la Maison des cultures du Monde à Paris n’ont jamais quitté leur village. Malgré les difficultés administratives et pratiques que leur venue en France a posée, la Maison des cultures du Monde a tenu bon pour présenter » une des plus belles musiques africaines qu’il m’ait été donné d’entendre » selon les propres mots du programmateur du Festival de l’Imaginaire.
Nathalie Fernando Marandola, totalement séduite par cette culture musicale, a enregistré les musiques de cette ethnie et cherche à les faire connaître au grand public. » L’alternance du vocal et de l’instrumental forme un type de » hoquet » très rare dans le reste du monde « , explique-t-elle. » Les Ouldémé sont un peuple d’agriculteurs et d’éleveurs : la musique est donc liée aux cycles agraires. Cette musique est interprétée quotidiennement et transmise aux enfants « , souligne-t-elle. Dix hommes et cinq femmes sont venus présenter l’année musicale ouldémé, offrant une palette de timbres peu commune.
Mise en confiance
Timides et un peu mal à l’aise au début de la représentation, les interprètes prennent confiance au fur et à mesure que la musique déploie ses notes. Virtuoses, ils utilisent indifféremment harpe, flûtes (de toutes tailles et sonorités, en argile, écorce, roseau ou bambou), tambours et calebasses. Chez les Ouldémé, il n’y a pas de musiciens professionnels : chacun peut utiliser l’instrument de son choix, complété par des figures rythmiques dansées et des chants.
Malgré l’étroitesse de la scène, très éloignée d’un champ ou d’une place de village, les Ouldémé ont su mettre en scène et faire partager leur culture originale, encore méconnue. Un vrai plaisir des yeux et des oreilles. Un échange magique hors du temps.
Festival de l’Imaginaire. Du 5 mars au 7 avril 2002 à la Maison des cultures du Monde. 101, boulevard Raspail, 75006 Paris.
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