Une scène troublante secouait Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le 10 novembre 2024,. Dans une benne à ordures de l’ancienne décharge d’Akouédo, un bébé mort-né et un fœtus étaient découverts parmi des déchets médicaux usagés. Ces trouvailles ont immédiatement suscité l’indignation et l’émoi au sein de la population entraînant une vague d’arrestations.
Parmi les éléments retrouvés figuraient des restes anatomiques, du matériel médical usagé et des documents officiels provenant des CHU de Treichville et de Yopougon. Ces indices ont rapidement orienté l’enquête vers des responsables présumés issus du secteur médical. Deux semaines après les faits, le 25 novembre, trois personnes ont été arrêtées et placées en détention.
Selon les autorités, elles sont poursuivies pour « mise en danger d’autrui » et « abandon de déchets sanitaires à risque infectieux en dehors des zones prévues à cet effet ». Parmi les suspects figurent deux employés du domaine médical : un administrateur du Laboratoire central d’analyses de la commune du Plateau et un technicien du Centre d’anatomie pathologique de Treichville. Le troisième suspect, quant à lui, est un simple maçon, dont le rôle exact dans cette affaire reste encore flou.
Une information judiciaire ouverte
Les trois individus arrêtés ont été déférés au parquet et placés sous mandat de dépôt. Une information judiciaire a été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances entourant cette affaire. Les accusations portent non seulement sur les dangers sanitaires liés à l’abandon des déchets, mais également sur la gestion irresponsable des restes humains. Un quatrième individu a également été jugé et condamné à six mois de prison ferme pour propagation de fausses informations.
Le jour de la découverte, il avait diffusé sur les réseaux sociaux des rumeurs affirmant que 20 à 200 cadavres de bébés avaient été retrouvés, semant ainsi la panique parmi la population. Cette affaire met en relief de graves manquements dans la gestion des déchets médicaux en Côte d’Ivoire. Les déchets sanitaires, en particulier ceux présentant des risques infectieux, doivent être éliminés dans des conditions strictes pour éviter tout danger pour la santé publique et l’environnement.
Les responsabilités des établissements de santé
Ce scandale rappelle des cas similaires dans d’autres pays africains. En 2021, au Nigeria, des restes humains avaient été retrouvés dans des sacs près d’un centre hospitalier. Ces incidents soulignent un problème de négligence dans la chaîne de traitement des déchets médicaux. La présence de documents officiels des CHU de Treichville et de Yopougon parmi les déchets retrouvés pose des questions sur les responsabilités des établissements hospitaliers impliqués.
Bien qu’aucun représentant des CHU n’ait été arrêté pour l’instant, ces indices placent les hôpitaux sous une surveillance accrue. Les autorités judiciaires poursuivent leurs investigations pour déterminer si ces établissements pourraient être tenus responsables de ces négligences, soit directement, soit par l’intermédiaire de prestataires tiers. Par ailleurs, la propagation de fausses informations a aggravé l’impact de cette découverte.