Une équipe de paléontologues éthiopiens et américains a découvert en février dernier des restes fossilisés d’un squelette âgé de 3.8 à 4 millions d’années dans le Nord-est de l’Ethiopie. Le groupe de scientifiques a, entre autres, déterré un tibia et un os de la cheville, qui indiquerait que l’hominidé marchait debout. Certains chercheurs soulignent cependant que d’autres bipèdes, plus vieux, sont déjà connus. L’ensemble de la communauté scientifique reconnaît néanmoins que cette découverte permettra d’éclairer une période encore peu connue des spécialistes.
L’aîné de Lucy ? Agés de 3.8 à 4 millions d’années, des paléontologues éthiopiens et américains ont déterré en février dernier les restes d’un homonidé dans la région de Afar, dans le Nord-est de l’Ethiopie, qui pourrait être le plus vieil « bipède exclusif » jamais découvert. Quatorze pièces fossilisées ont été trouvées aux alentours de la localité de Mille, à une soixantaine de kilomètres du site où avait été découvert le squelette de Lucy en 1978, et à 520 kilomètres de la capitale éthiopienne Addis Abeba. Co-dirigée par Bruce Latimer, directeur du Musée d’Histoire naturelle de Cleveland (en Ohio, Etats-Unis) et par le spécialiste éthiopien Yohannes Hailé-Sélassié, l’équipe fonde tout particulièrement son hypothèse sur les fossiles d’un tibia et d’un os de cheville. La théorie est cependant contestée par certains chercheurs, qui estiment que d’autres hominidés, plus vieux, sont déjà connus. Personne ne nit cependant le caractère exceptionnel de cette découverte, qui fournira de nouveaux indices sur une période encore mal connue des spécialistes.
Parmi les pièces se trouvent un tibia entier, des morceaux d’os de la hanche, des côtes, des vertèbres, une clavicule, un pelvis, un omoplate, et un os de la cheville provenant d’un hominidé. Il est extrêmement rare de trouver autant d’ossements d’un seul et même squelette. Une chance qui va permettre aux chercheurs d’approfondir la théorie du passage du singe à l’homme. L’os de la cheville, selon Bruce Latimer, « prouve que cet être marchait debout ». D’autres pièces isolées appartenant à différents hominidés, comme des dents, des os de bras et de jambes, ainsi que des phalanges ont été également découvertes sur le même site d’une profondeur d’environ cinquante mètres. La récolte de plusieurs échantillons de roche entourant les fossiles vont être envoyés au Centre de géochronologie de Berkeley (Californie), afin d’estimer avec plus d’exactitude l’âge des ossements. L’équipe, qui situe pour l’instant les ossements entre 3,8 et 4 millions d’années, en déduit que ce squelette serait un intermédiaire entre l’Ardipithecus ramidus (4.4 millions d’années) et le plus jeune Ardipithecus Afarensis, « Lucy » (3.2 millions d’années).
Le premier debout ?
D’après le quotidien français Le Figaro, Yves Coppens, le paléontologue français qui a retrouvé les restes de l’australopithèque Lucy en 1978, conteste qu’il s’agisse du « premier » bipède connu. Son équipe avait effectivement découvert, il y a cinq ans dans la vallée du Rift, (Kenya) le fossile d’un squelette vieux de 6 millions d’années. Mais Bruce Latimer a souligné samedi dernier devant la presse que les fossiles découverts à Mille étaient certainement ceux d’un « hominidé exclusif », qui se déplacerait uniquement debout, et non d’un bipède « arborivore », comme Lucy ou le fossile du squelette trouvé en 2000, qui grimpaient encore aux arbres.