Déchets toxiques : Trafigura indemnise la Côte d’Ivoire


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Trafigura et la Côte d’Ivoire ont signé, mardi soir, un accord pour régler l’affaire des déchets toxiques d’Abidjan. La société hollandaise versera à l’Etat ivoirien plus de 150 millions d’euros contre l’abandon des poursuites judiciaires menées contre elle. Trafigura n’est toutefois pas hors d’atteinte car une procédure est en cours en Angleterre.

L’affaire des déchets toxiques, suite et fin ? Trafigura et le gouvernement de la Côte d’Ivoire ont signé, mardi, au Palais présidentiel, un protocole d’accord amiable sur l’affaire des déchets toxiques. Cet accord initié par Eric de Turckeim, co-fondateur de Trafigura, survient après plusieurs réunions de négociations en terre ivoirienne et burkinabè. La société hollandaise et l’Etat ivoirien « ont décidé de mettre fin définitivement aux différents litiges (…) de manière transactionnelle », selon le texte que s’est procuré l’AFP.

100 milliards de FCFA…

Trafigura, qui avait affrété le bateau qui transportait les déchets toxiques, s’engage à « verser la somme forfaitaire et définitive de 95 milliards de FCFA » pour la réparation des préjudices subis, l’indemnisation des victimes et le remboursement des frais de dépollution ». Cinq autres milliards de FCFA seront consacrés à « rendre fonctionnel le centre de traitement des déchets ménagers que l’État de Côte d’Ivoire envisage de construire dans le district d’Abidjan ».

Pour justifier le déboursement de plus de 150 millions d’euros, Roald Goethe, représentant de la compagnie hollandaise lors de la signature, a indiqué : « Ce qui est arrivé est un accident. Nous avons proposé un règlement juste et équitable des conséquences regrettables de ces événements ». Dans un communiqué, Trafigura nie toutefois sa responsabilité dans cet « accident » : « Ni le gouvernement ivoirien ni Trafigura n’acceptent d’endosser la responsabilité pour les événements d’août dernier. Cependant, la compagnie assume très sérieusement son rôle de citoyen du monde et, à cette fin, soutient financièrement le gouvernement afin d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens ». Des citoyens qui sont appelés par les autorités à se manifester pour être inscrits sur une liste de personnes à indemniser.

… contre l’abandon des poursuites

Les propos apparemment humanistes de Trafigura ne révèlent pas l’enjeu que revêt pour elle l’accord. L’argent n’a été accordé qu’à la condition que la Côte d’Ivoire « renonce définitivement à toute poursuite, réclamation ou instance présente ou à venir qu’il pourrait faire valoir à son] encontre ». Autre doléance : la libération « imminente » des trois responsables de la société, dont deux Français, incarcérés depuis le 18 septembre dans le cadre du scandale. Le trio s’en tirerait ainsi à bon compte, comme les proches du président Gbagbo qui avaient été suspendus mi-septembre avant de reprendre leur poste le 15 décembre. Et ce en dépit d’un [rapport accablant qui les mettait en cause dans le déversement des déchets dans plusieurs décharges de la capitale.

Trafigura a peut-être gagné une bataille, mais pas sûr qu’elle remporte la guerre. La Haute cour de Londres a jugé recevable l’action en justice lancée contre Trafigura par le grand cabinet d’avocats britannique Leigh-Day & Co, qui représente entre 4 000 et 5 000 personnes affectées par les émanations toxiques. Le gouvernement exercerait des pressions pour faire cesser les procédures visant la compagnie hollandaise. Selon le quotidien ivoirien Le Patriote, citant une source proche du dossier, « un groupe de personnes dont Jean-Louis Billon, Président de la Chambre de commerce et de l’Industrie, qui loue les services d’avocats hollandais a été reçu mardi au Palais de la Présidence. Il leur a été demandé de mettre fin à leurs actions. Mais ils n’ont pas été convaincus et ont dit non ».

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