L’ex-garde des Sceaux, Christiane Taubira, publie « Murmures pour la jeunesse », un réquisitoire contre la déchéance de nationalité, quatre jours avant que l’Assemblée nationale ne commence à débattre de la réforme constitutionnelle.
Le gouvernement français pris de court ! L’ex-garde des Sceaux, Christiane Taubira, publie « Murmures pour la jeunesse », un réquisitoire contre la déchéance de nationalité, quatre jours avant que l’Assemblée nationale ne commence à débattre de la réforme constitutionnelle. L’ancienne garde des Sceaux sort en librairie « Murmures à la jeunesse » (Éditions Philippe Rey), un livre réquisitoire dans lequel elle réaffirme haut et fort son opposition à la déchéance de nationalité, ce projet de l’exécutif qui a motivé son départ du gouvernement.
L’ouvrage, tiré à 40 000 exemplaires, a été imprimé discrètement en Espagne, acheminé sur des palettes opaques et présenté aux librairies comme un « livre sous X » pour réduire les risques de fuites. Toutefois, François Hollande s’est vu adresser un jeu d’épreuves, vendredi 22 janvier, cinq jours avant que ne soit rendue publique la démission de Christiane Taubira. Dans ce livre de 94 pages, Christiane Taubira déroule en longueur ses arguments contre la déchéance de nationalité. Elle fustige son inefficacité en raison de ses effets nuls en matière de dissuasion. Mais, plus fondamentalement, elle pointe son enjeu symbolique.
« Céder à la coulée d’angoisse et se laisser entraîner, au lieu d’endiguer, signe la fin du Politique et de la politique. Le glas. Plus fatal que l’hallali (…). Osons le dire : un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux. Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance considérés comme indésirables? Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils seraient regroupés ? », écrit Christiane Taubira qui avait expliqué son départ de la Chancellerie, le 26 janvier, par un « désaccord politique majeur », a-t-elle écrit.
« Le tourment m’habitera jusqu’à la tombe. L’inquiétude. L’intranquillité. Peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose. Peut-être serait-il plus raisonnable d’être raisonnable et de laisser passer (…). Ne pas ajouter au trouble. (…) Ne vaut-il pas mieux alors un cri et une crise plutôt qu’un long et lent étiolement? Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience », poursuit-elle.
Alors que commence vendredi à l’Assemblée nationale l’examen de la réforme constitutionnelle, pour un vote attendu le 10 février, le livre de Christiane Taubira relance avec plus de vigueur le débat déjà sur la déchéance de nationalité.