Chercheur-chorégraphe, auteur, professeur de danse africaine, Alphonse Tierou s’est éteint à Paris dans la nuit du 10 au 11 août 2021. Considéré comme la référence mondiale en matière de danse africaine, il nous lègue une œuvre immense. L’association Dooplé Danse perpétue ses travaux.
C’est avec une profonde tristesse que l’association Dooplé Danse annonce le décès d’Alphonse Tierou.
Jusqu’à son dernier souffle, il s’est consacré aux arts et à la danse d’Afrique, à la création chorégraphique, à l’institution des Masques, à la transmission des savoirs, au dialogue des cultures, au patrimoine immatériel des Africains dans toute sa noblesse.
Issu d’une famille de grands chefs traditionnels, « héritière » des Masques de Sagesse de l’Ouest africain, Alphonse Tierou est par ailleurs concepteur d’expositions scientifiques et artistiques.
Faire de la danse africaine un art majeur
Artiste de conviction, il n’a eu de cesse de sortir l’art africain de la dichotomie modernité versus tradition, en invitant le public à développer, sur le sujet, un regard artistique, et non sociologique ou ethnologique. Ce faisant, il s’est montré fervent partisan d’une approche panafricaine.
Ses travaux ont doté la danse africaine d’outils pour en faire un art majeur, notamment :
– la définition de mouvements de base à partir du mouvement matriciel dooplé. Dans le dooplé, « l’artiste est debout, genoux fléchis. Les pieds, parallèles, adhèrent fermement au sol et sont écartés l’un de l’autre d’une longueur égale à la largeur des épaules. Le torse est en légère flexion postéro-antérieure » (source : Alphabet de la danse africaine, Alphonse Tierou, Éditions Ch. Rolland, 2014) ;
– la définition de la conception africaine de l’art (source : Paroles de Masques, Alphonse Tierou, Maisonneuve et Larose, 2007, rééd. 2009) ;
– une proposition de grille de lecture pour le public et les critiques qui assistent aux spectacles.
Alphonse Tierou a plaidé inlassablement pour la création d’un diplôme officiel en danse africaine. Lire aussi La danse selon Alphonse Tierou
Les milliers d’élèves qui ont participé aux cours de danse, qu’il a animés pendant plus de 40 ans, ont pu goûter son approche pédagogique amenant à libérer l’expression de soi et à s’accorder avec son corps, en alliant art et bien-être.
Parachèvement de ses travaux, son livre à paraître* se tourne vers un nouveau concept, « le style de danse dooplé », qui sort la « danse africaine » de son périmètre géographique pour lui permettre d’investir sa pleine dimension artistique (ainsi, on ne dit pas « danse française » ou « danse européenne », mais « danse classique », « danse contemporaine », etc.).
L’association Dooplé Danse, basée à Paris et dont il était le directeur artistique, a vocation à perpétuer ses travaux, notamment par l’organisation de cours de danse méthode Alphonse Tierou et la publication de son dernier livre*.
Visuels. Crédit photos : Dooplé Danse.
* Essai intitulé Pourquoi je me baladerais avec le mot « nègre » placardé sur ma poitrine et dans mon dos. De la « danse africaine » au style de danse dooplé.
A lire : La danse et la sculpture africaines au diapason de la vie