L’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel a non seulement profondément choqué les Français mais aussi les Algériens. Tour d’horizon des réactions de la presse algérienne.
La décapitation, ce mercredi en Algérie, du touriste français Hervé Gourdel par la nébuleuse Jund Al Khilafah, désormais branche locale de l’Etat islamique (EI- Daesh en arabe), a choqué les Algériens. La presse algérienne, dans son ensemble, condamne ce terrible meurtre. Dans son édition de ce jeudi 25 septembre, le quotidien El Watan parle d’un odieux assassinat.« Le « je vous ai ramené la paix » de Abdelaziz Bouteflika est fortement remis en cause », écrit le journal. L’Algérie est, selon El Watan, « directement impactée par l’assassinat de l’otage français ». L’objectif de Daesh serait de déstabiliser « un pays fortement sollicité au plan régional et ternir son image, et à créer ainsi un climat de consternation au sein de la société », analyse H’mida Ayachi, spécialiste des mouvements islamistes radicaux.
« Les militaires n’ont pas réussi à localiser les auteurs du rapt »
Le journal électronique TSA (Tout sur l’Algérie) s’interroge sur « la capacité des ravisseurs et l’efficacité de l’opération de ratissage menée par l’armée ». Le groupe armé a, en effet, posté une vidéo, lundi, afin de revendiquer le rapt et donner un ultimatum à la France pour qu’elle cesse ses frappes en Irak en échange de la libération de l’otage et une seconde, ce mercredi, intitulée « Message de sang pour le gouvernement français » qui montre l’exécution d’Hervé Gourdel. Selon TSA, « des milliers d’hommes » ont été mobilisés des deux côtés du massif du Djurdjura pour retrouver l’otage français. « Lors des opérations d’une aussi grande envergure, tous les moyens de communication sont mis sous surveillance lorsque les réseaux ne sont pas tout simplement brouillés, commente le journal. Mais les militaires n’ont pas réussi à localiser les auteurs du rapt, ce qui soulève de nombreuses questions ». Ce quotidien en ligne s’interroge sur la façon dont Jund Al Khilafah a pu poster les vidéos sans pouvoir être localisé : « Les ravisseurs disposent-ils de moyens ultra-sophistiqués pour pouvoir diffuser la vidéo à partir de l’endroit de leur retranchement ? Les ravisseurs ont-ils pu s’échapper des mailles du filet militaire pour envoyer leur vidéo d’un lieu sécurisé ? »
« L’Algérie maîtrise bel et bien sa lutte anti-terroriste »
Liberté Algérie suppose que ce groupe terroriste dispose d’« un réseau de soutien implanté en ville, loin des maquis et non encore identifié, et qui a réussi, le moment venu, à confirmer par l’image l’exécution de l’otage français ». Le quotidien met par ailleurs en exergue l’incapacité des autorités françaises et algériennes à confirmer ou infirmer, mercredi en début de soirée, la décapitation de l’otage français, alors que l’information avait très vite fait le tour du monde. Liberté Algérie garde toutefois confiance aux forces de sécurité algériennes qui « ont tout tenté pour étouffer dans l’œuf, et par tous les moyens, l’apparition d’une filiale de Daesh en Algérie et, par voie de conséquence, les efforts seront redoublés pour retrouver les ravisseurs ». Et alors qu’un groupe terroriste algérien visiblement bien équipé est parvenu à kidnapper et assassiner un otage étranger, ce journal électronique affirme – à la différence d’El Watan pour qui cet acte replonge l’Algérie dans ses années les plus noires – que « l’Algérie maîtrise bel et bien sa lutte anti-terroriste ».
« Daesh vole la vedette à Al Qaïda »
« En exécutant Hervé Gourdel (au cas où la vidéo montrant la décapitation de cette victime serait authentifiée), Djound Al Khilafa aurait probablement tenu à démontrer qu’elle fait bel et bien partie de l’organisation criminelle Daesh dirigée par Abou Bakr Al Baghdadi. En exécutant cette victime, voulait-elle « plaire » à Daesh et obtenir sa « bénédiction » ? », s’interroge Le Temps d’Algérie. Selon ce quotidien, « les craintes quant à des tentatives de Daesh de s’implanter en Algérie sont justifiées et confirmées par le crime odieux perpétré contre Hervé Gourdel ». Le Temps d’Algérie pousse la réflexion encore plus loin et affirme que « Daesh vole la vedette à Al Qaïda, d’où l’empressement de Djound Al Khilafa d’annoncer son allégeance à cette organisation criminelle ». S’agissait-il d’un crime pour plaire à L’Etat Islamique comme l’indique le journal ?