J’ai mal au Tchad. Deby » réélu » en trichant, la commission électorale indignée, les autres candidats intimidés, puis arrêtés. De quoi déprimer. Pas de quoi être surpris.
C’est l’Afrique ? Odieuse réponse des éternels et inutiles bien-pensants. Non, ce n’est pas l’Afrique. C’est votre argent, à vous, les bailleurs de fond, Français, Chinois, Américains et les autres. A vous tous qui exploitez sans vergogne, et qui donnez sans discernement pourvu que crachent les derricks, que l’on parle votre belle langue de paix ou que l’on fasse allégeance. Deby est un monstre, çà oui, et il est votre enfant. Pensez-y : Deby était votre candidat, au fond, puisque seul votre argent, transformé en armes et en corruption, a permis qu’il se maintienne au pouvoir et soit à nouveau en lice. Heureusement pour vous, presque tout le monde l’ignore.
Je pense au dossier de l’oléoduc Tchad – Cameroun sur lequel il y a un an, alors membre de l’équipe d’Afrik.com, j’avais travaillé avec d’autres.
J’ai pris du recul, depuis… Je ne suis plus l’actualité du Continent de façon aussi quotidienne. Mais je le garde au coeur, et je n’en suis que mieux placé, journaliste vivant à Paris, pour mesurer combien les nations bien portantes s’abîment dans l’irréalité globale. Le Tchad où l’on meurt et où l’on ment semble bien plus loin que la Corée, où quelques milliardaires médiatisés tapaient dans la baballe ces jours-ci.
Tchadiens, n’en doutez pas : ce qu’on appelle par commodité la communauté internationale se moque bien du destin de vos familles, de vos terres, de vos écoles, de votre pays, de vos opposants. Mais en emprisonnant tous ceux qui dénonçaient la supercherie électorale qui vient de se tenir, Idriss Déby tombe le masque. Et si le reste du monde reste indifférent, au moins il devra désormais assumer cette indifférence.