Les festivités des Trophées de la Musique au Mali (TAMANI) ont officiellement débuté mardi à Bamako. Le groupe Seydoni Mali et l’Association pour la Promotion de la Musique en Afrique créent une fois de plus l’événement pour la troisième année consécutive. Entre activités récréatives et réflexives, l’édition 2005 entend, jusqu’au 1er janvier 2006, refléter la vitalité créatrice des artistes musiciens d’Afrique. Interview de Fousséni J. W. Traoré, délégué général des Tamani.
Le Mali, à travers sa capitale Bamako, prouve, une énième fois, sa vitalité artistique. Le coup d’envoi de la 3ème édition des Trophées de la Musique au Mali (Tanami) a été donné mardi sur les bords du fleuve Djoliba. L’espace village Tamani, sis au Palais de la Culture de Bamako, a servi de cadre à cette cérémonie d’ouverture. Durant une semaine, créateurs, professionnels des arts et hommes de médias mettront leur savoir-faire au service de la culture pour valoriser les diverses créations artistiques du Continent et des Caraïbes. Les meilleurs artistes musiciens du Mali, de l’Afrique et des Caraïbes se verront également remettre des distinctions pour leur contribution au rayonnement de la culture afro. Fousséni J. W. Traoré, délégué général des Tamani, apporte de plus amples précisions quand au déroulement de cet événement d’envergure.
Afrik.com : En quoi les Tamani se distinguent-ils des autres évènements culturels ayant lieu sur le Continent ?
Fousséni Traoré: Les Tamani constituent aujourd’hui en Afrique de l’Ouest l’une des plus grandes activités culturelles de remise de trophées. Tous les soirs, et ce pendant une semaine, c’est à dire du 27 décembre 2005 au 1er janvier 2006, les artistes participants se produiront en live pour le plaisir de tous et recevront des récompenses pour leur participation au rayonnement de la culture africaine. Notre festival œuvre en faveur du panafricanisme et fait parti des rares qui réussissent à réunir plus de 300 artistes pour un même évènement. L’Afrique et la diaspora seront représentées dans leur ensemble.
Afrik.com : Pour cette 3ème édition, que peuvent espérer, en terme de programmation, les personnes désireuses de prendre part aux festivités?
Fousséni Traoré : Le programme est très alléchant. Durant la semaine de festivité, de nombreuses rencontres professionnelles auront lieu, permettant ainsi aux artistes de rencontrer les producteurs et les médias. Les fans pourront également approcher leurs stars favorites. Il y aura des ateliers de formation sur le métier de la production des œuvres musicales, sur le droit d’auteur, mais aussi sur la piraterie. Des concerts seront organisés afin de permettre aux jeunes artistes de se faire connaître et de promouvoir leurs œuvres. Des soirées à thèmes sont également prévues, soit pour rendre hommage à la musique mandingue, soit pour féliciter les pionniers de la musique africaine. Une grande soirée de gala est également prévue afin de clôturer l’année 2005 en beauté.
Afrik.com : La nuit du Tamani d’Or se tiendra vendredi 30 décembre 2005. Quelles sont les catégories de concours pour cette 3ème édition?
Fousséni Traoré : Il y a 8 catégories. Meilleure musique d’inspiration traditionnelle, révélation de l’année, meilleur artiste masculin, meilleure artiste féminin, meilleur clip de l’année, meilleur groupe rap malien, meilleur animateur radio et meilleur artiste malien de l’année. La nuit des Tamani d’or 2005 aura lieu dans la salle Bazoumana Cissoko du Palais de la culture de Bamako. La nuit est parrainée par Madame Touré Lobo Traoré, épouse de Son Excellence Mr le Président de la République du Mali, et sera présidée par Monsieur Cheick Oumar Sissoko, ministre de la Culture. Outre les remises de trophées, la nuit des Tamani d’Or prévoit des prestations de sommités de la musique malienne telles Oumou Sangaré et Adja Soumano, détentrices des Tamani d’Or 2003 et 2004.
Afrik.com : Quels sont les artistes invités ?
Fousséni Traoré : La 3ème édition des Tamani devrait voir la présence et la participation de nombreuses stars dont Tiken Jah Fakoly (Côte d’Ivoire), Amadou et Mariam (Mali), Seigneur Tabouley Rochereau (République Démocratique du Congo), Aïcha Kone (Côte d’Ivoire), King Mensah (Togo), Tata Kenny (Côte d’Ivoire), Zouley Sangare (Bénin), Amazougba (Ghana), Fabrice Servier (Antilles). Les artistes maliens seront également très nombreux à se produire aux côtés de leurs homologues africains. Ils ont entre autres pour nom Adja Soumano, Alou Sangare, Doussou Bagayogo, Idrissa Soumaoro, Oumou Sangaré, Mah Kouyaté…
Afrik.com : La plupart des rencontres culturelles se dérouleront dans l’Espace Village Tamani. De quoi s’agit-il exactement ?
Fousséni Traoré : L’espace village Tamani est une structure d’accueil bâtie en bordure du fleuve Niger. Situé dans l’enceinte du palais de la culture de Bamako, c’est un cadre convivial de rencontres et d’échanges qui allie l’art scénique à l’art culinaire. Du couscous sarakolé au fonio sénoufo, en passant par le maafé, le fakoye sonraï ou le tchobal peul, l’art culinaire malien sera à l’honneur aux côtés du kédjénou de la Côte d’Ivoire, du tiéboudjène sénégalais, du gonré burkinabé ou du ndolé camerounais. Les Tamani oeuvrent énormément pour l’intégration à travers la culture. Chaque soir de 20 heures au petit matin, une pléiade d’artistes nationaux et internationaux se produira sur une scène équipée pour la circonstance en son et lumière. Un espace Enfant a spécialement été aménagé dans le Village Tamani pour concilier activités ludiques et formations artistiques au profit des enfants. De la jonglerie aux exercices d’équilibre, les plus jeunes, accompagnés ou non, pourront bénéficier de ces activités susceptibles de contribuer à leur éveil artistique.
Afrik.com: En tant qu’acteur de premier choix de la musique malienne, pouvez-vous dresser un état des lieux de la musique malienne, voire africaine, depuis la fermeture puis la réouverture de votre structure de distribution Seydoni Mali ?
Fousséni Traoré : La musique africaine et plus particulièrement malienne se porte bien, mais souffre à cause de la piraterie. C’est d’ailleurs dans l’optique de lutter contre la piraterie que nous avons été contraints de fermer un temps notre usine de duplication de cassettes. Les artistes, les producteurs et les promoteurs de spectacles doivent s’unir pour combattre cet état de fait, qui, à terme, ruine leurs efforts de création. L’un des objectifs des Tamani consiste à organiser des débats autour de la musique en Afrique, en confrontant les véritables acteurs de sa vivacité et de sa survie, car la piraterie tue l’artiste et met à mal bien des efforts consentis.