Le verdict de la Cour de sûreté guinéenne, qui a condamné l’opposant à cinq ans de prison, suscite l’indignation dans divers points du globe. Avec quelles conséquences pour le régime de la Guinée ?
Condamné, avant-hier, à cinq ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, l’ancien candidat à la présidence de la République guinéenne, Alpha Condé, fait l’objet d’un mouvement de solidarité qui pourrait s’avérer, à court terme, préjudiciable au régime du président Lansana Conté. Alpha Condé lui-même ne souhaite pas intenter de recours à sa condamnation, même si son avocat, comme il l’a expliqué à l’AFP, » attend peut-être une surprise du chef de l’Etat « .
Sur le plan international, le département d’Etat américain a déjà critiqué un procès qui » n’a pas respecté les règles de la justice « . Il était notamment reproché à Alpha Condé de vouloir organiser un coup d’Etat avec le soutien de pays étrangers. Les Etats-Unis jugent également » sans fondement » ces accusations.
» Emberlificotée «
Interrogé par Afrik.com, Pierre-André Wiltzer, un député français qui préside l’Assemblée parlementaire de la francophonie, a été plus direct en évoquant » un procès politique qui a débouché sur une décision politique. Cette condamnation à cinq ans est totalement incohérente « , assure M. Wiltzer : » Pour un crime aussi grave, soit il y a des preuves, et la peine doit être lourde ; soit il n’y en a pas, et l’accusé doit être acquitté. Le régime guinéen se juge lui-même par ce verdict. »
Le parlementaire français dresse le constat définitif que » la diplomatie n’a servi à rien dans cette affaire « . Décidé à hausser le ton, il a écrit aux ministres français des Affaires étrangères et de la Coopération pour leur demander de suspendre l’aide accordée à ce pays par la Guinée. Ni optimiste, ni pessimiste à cet égard, Pierre-André Wiltzer s’avoue tout de même déçu de la réaction » emberlificotée » de la France au verdict de Conakry. Mardi, le gouvernement français avait souhaité que la Guinée » retrouve le chemin du dialogue. »
Il semble que la modération de la France dans cette affaire soit liée aux incidents de frontière ayant opposé, depuis le début de la semaine, l’armée guinéenne à des groupes armés libériens et sierra-léonais.