La boîte de pandore ouverte par le débat sur la laïcité serait-elle sur le point de se refermer au sein de la majorité présidentielle ? Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, qui a officiellement déclaré lundi sur France Info « qu’il faut certainement mettre un terme à tous ces débats » est revenu sur ses déclarations ce mardi. Après le clash lundi entre le Premier ministre François Fillon et Jean François Copé, le secrétaire général de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) au sujet du débat sur la laïcité, le gouvernement affiche une unité de façade mais le débat annoncé continue de faire polémique.
La majorité présidentielle remet de l’ordre dans ses rangs. Le porte-parole du gouvernement François Baroin a rectifié ce mardi ses déclarations concernant le futur débat sur la laïcité de l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Au lendemain de la défaite de la majorité présidentielle, avec 35,87% des voix, face à une gauche en forme (49,9%) lors du second tour des cantonales, marqué par un taux d’abstention record (plus de 54%), le ministre du Budget a déclaré sur France Info « qu’il faut certainement mettre un terme à tous ces débats ». Des propos qualifiés de «malentendu » au sein du gouvernement français. Le ministre dit aujourd’hui vouloir que ce débat débouche sur « la mise en forme d’un code de laïcité ». Le ministre français du Budget n’est pas le seul à l’origine de la polémique autour du débat sur la laïcité au sein de la majorité présidentielle.
L’unité face à un front anti-débat dispersé
Le gouvernement a tenté ce mardi d’apaiser les tensions au sein du parti. « L’heure est à l’apaisement », a dit Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP. « L’incident est clos », a assuré François Fillon. Les deux hommes politiques se sont affrontés lundi en raison de leurs positions respectives sur le débat sur la laïcité. Jean François Copé a ainsi reproché à François Fillon de ne pas « jouer collectif ». Il a affirmé qu’« il y en a, disons les choses, qui y ont trouvé l’occasion d’une posture ». Le Premier ministre français a manifesté fin février son opposition au débat sur la laïcité. Une prise de position qui a irrité le président de la République Nicolas Sarkozy. Ce dernier a mis en garde lundi contre « ceux qui voudraient mettre en cause l’unité de la famille ». Jean-Louis Borloo et Christian Estrosi, d’autres cadres de la majorité, ont eux aussi critiqué cette initiative qui fait aussi débat en dehors de l’UMP.
Déclarations fracassantes, pétitions, appels, les opposants à ce rendez-vous multiplient les outils plus ou moins efficaces. L’ex-conseiller à l’Elysée chargé de la Diversité, Abderrahmane Dahmane, veut distribuer des « étoiles vertes » aux musulmans de France pour protester contre ce débat. Il avait été limogé le 11 mars dernier par Nicolas Sarkozy et son initiative est critiquée par la Grande Mosquée de Paris. Il y a quelques jours, deux membres du Parti socialiste (PS), Martine Aubry, la secrétaire générale, et Laurent Fabius ont retiré leur signature d’une pétition lancée conjointement par Le Nouvel Observateur et Respect Magazine contre le débat-procès sur l’Islam. La raison : l’islamologue Tariq Ramadan est également signataire de cette pétition. Le débat sur la laïcité, décrié par le monde religieux français, est prévu le 5 avril prochain.