A quand la fin des violences en Côte d’Ivoire ? Une dizaine de fosses communes contenant 68 corps ont été découvertes à Yopougon. L’ONU désigne des mercenaires libériens pro-Gbagbo comme les principaux responsables de ces tueries. Ils auraient également tué 120 civils sur le littoral.
La Côte d’Ivoire, qui panse toujours ses plaies, n’est pas au bout de ses peines. « Dix fosses communes » renfermant « 68 corps » ont été découvertes dans le quartier de Yopougon, qui était le dernier bastion du président déchu Laurent Gbagbo, a affirmé lundi Guillaume Ngefa, directeur adjoint de la division des droits de l’homme de l’ONU en Côte d’Ivoire. Selon lui, « toutes les victimes sont des hommes. Ils ont été tués le 12 avril par des miliciens pro-Gbagbo et enterrés le jour même par des habitants. Ces miliciens, habillés en civil et armés de kalachnikovs, attaquaient les maisons par petits groupes ». Pour l’instant, « les corps n’ont pas été exhumés. Nous avons la liste des victimes et des témoignages. Il faut l’autorisation des familles pour exhumer les corps, et aussi de la justice » ivoirienne, a-t-il souligné.
De nouveaux charniers pourraient être découverts. Hamadoun Touré, porte-parole de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, a indiqué ce mardi que la Croix-Rouge avait été informée par des habitants que près 40 corps se trouvaient sur un terrain de footbal de Yopougon. Une enquête est en cours.
Des mercenaires libériens qui sèment la terreur
Le gouvernement pointe aussi du doigt des mercenaires libériens, qui auraient commis ces exactions selon lui, après avoir été chassés de Yopougon, les 3 et 4 mai par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Ces miliciens, fuyant Abidjan pour rejoindre le Libéria, auraient également tué 120 civils, dont des femmes et enfants, les 5 et 6 mai lors d’attaques menées le long du littoral ivoirien, dans les villes d’Irobo, Grand Lahou, Fresco et dans la région de Sassandra. La plupart des victimes auraient été choisies en raison de leur appartenance ethnique, a indiqué le ministère de la Défense. En réponse à ces attaques, plus de 30 mercenaires et miliciens auraient été tués au cours des affrontements avec les forces de sécurité du président Alassane Ouattara.
Une réconciliation qui s’annonce difficile
Face cette situation, la réconciliation nationale que souhaite le chef d’Etat ivoirien semble bien difficile, alors que son propre camp est soupçonné d’exactions dans l’ouest, à Duékoué. Selon l’ONU, ces massacres perpétrées le 27 et 29 mars, auraient fait 330 morts, au moins 800 pour le Comité international de la Croix Rouge (CICR), et un millier ou disparus, estime l’ONG Caritas. « C’est le début d’une nouvelle ère de réconciliation et d’union entre toutes les filles et tous les fils de notre chère Côte d’Ivoire », a promis le président vendredi, en prêtant serment, après cinq mois de crise post-électorale. Alassane Ouattara qui sera investi le 21 mai dans la capitale politique Yamoussoukro, a aussi annoncé la mise en place d`une commission « Dialogue, vérité et réconciliation » sur le modèle sud-africain.
De son coté, le couple Gbagbo entendu samedi par la justice ivoirienne, dans le cadre d’une enquête préliminaire, doit faire face à une plainte du nouveau gouvernement, pour « blanchiment d’argent ». Elle avait été adressée dès le 29 mars au Ministère public de la Confédération helvétique (MPC), a indiqué lundi, l’avocat Bruno de Preux, qui représente les intérêts du nouveau régime en suisse. « La plainte, a été déposée contre M. Gbagbo, son épouse et toute une série d’anciens fonctionnaires et ministres ivoiriens », a-t-il précisé. L’objectif pour le gouvernement Ouattara est de récupérer les avoirs du camp Gbagbo, estimés à 70 millions de francs suisses, soit 35 milliards de FCFA, gelés par la Suisse le 19 janvier dernier. Toutefois la justice ivoirienne devra d’abord parvenir à prouver que cet argent a été obtenu illégalement avant d’être placé sur des comptes bancaires suisses, selon le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Reprise des exportations du cacao
Sur le plan économique, le pays se relève tout doucement après une longue paralysie. Les exportations du cacao, qui représentent des ressources financières importantes pour l’Etat ivoirien, ont repris dimanche via le port d’Abidjan, selon l’agence de presse britannique Reuters. De même, les banques exercent à nouveau leurs activités, qui avaient été fortement perturbées durant la crise, et les écoliers ont repris le chemin de l’école. La vie a, semble-t-il, repris son cours, mais le pays vit toujours dans l’insécurité.