La Cour suprême libyenne a confirmé, mercredi, les peines de mort contre les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien accusés d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants hospitalisés à Benghazi. Mais la Libye avait annoncé dès mardi la conclusion d’un accord avec les familles des victimes, ouvrant la voie à un dénouement heureux pour les accusés, qui clament leur innocence.
Le dernier recours des infirmières bulgares et du médecin palestinien accusés d’avoir sciemment inoculé le virus du sida à 438 enfants de l’hôpital de Benghazi, à la fin des années 1990, dont 56 sont décédés, leur a comme prévu été fatal. La Cour suprême de Libye a confirmé mercredi matin la peine de mort requise le 20 juin dernier à leur encontre par le procureur. Mais plus que leur condamnation, cette décision sonne le début de la fin du calvaire pour les accusés.
La fondation Seif el Islam Kadhafi, présidée par le fils du Guide de la Révolution Muhammar Kadhafi, avait clairement indiqué depuis plusieurs semaines que le dénouement de l’affaire ne serait pas juridique. Chargée des bons offices de la Jamahiriya et considérée par de nombreux observateurs comme une officine des Affaires étrangères libyennes, l’organisation négociait avec l’Union européenne et les familles des victimes pour parvenir à un accord financier.
Dès mardi, Salah Abdessalem, le directeur de la Fondation Kadhafi, a annoncé la conclusion d’« un compromis acceptable avec les familles. Les détails de cet accord seront annoncés dans les prochaines heures. [Il] satisfait toutes les parties et met fin à cette crise », avait-il conclu, sans même attendre le verdict de la Cour suprême.
La justice otage de la diplomatie
Selon des sources libyennes citées par l’AFP, la peine de mort pourrait être transformée en peine de prison par le Conseil supérieur des instances judiciaires, la plus haute juridiction du pays. Les condamnées pourraient alors purger leur peine dans leur pays d’origine puisque la Libye et la Bulgarie sont liées par un accord d’extradition. Le médecin palestinien co-accusé des infirmières a d’ailleurs été naturalisé bulgare le 19 juin dernier dans cette perspective.
« Ce que nous comprenons, c’est que ce processus pourrait encore prendre un peu de temps. Mais nous espérons que ce ne sera pas long », avait commenté mardi un haut responsable du département d’Etat américain, cité par l’AFP sous le sceau de l’anonymat. Washington et Tripoli ont renoué leurs relations diplomatiques en mai 2006. Mais les deux pays s’étaient rapprochés depuis au moins deux ans, après que Tripoli a renoncé à son programme de fabrication d’armes de destruction massive et s’est engagé à soutenir la lutte contre le terrorisme. Les pays membres de l’Union européenne n’ont eux aussi pas tardé à visiter le Guide dans la perspective d’accords pétroliers et gaziers.
Emprisonnés depuis huit ans, les six condamnés bulgares ont toujours clamé leur innocence, soutenus par les plus grands spécialistes occidentaux du sida, notamment dans l’idée que ce sont les conditions d’hygiène de l’hôpital de Benghazi qui sont à l’origine de la contamination des enfants. Ils affirment par ailleurs que leurs aveux leur ont été extorqués sous la torture.