De New Bell Ngangue à la NBA, Pascal Siakam a-t-il oublié d’où il vient ?


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Pascal Siakam, Raptor NBA
Pascal Siakam, Raptor NBA

Pascal Siakam, ailier fort dans la franchise NBA des Raptors de Toronto, est un digne fils du populeux quartier de la ville de Douala, New Bell Ngangue. Ses amis d’enfance lui prêtent des intentions d’avoir oublié ses origines.

Envoyé spécial au Cameroun,

L’ailier fort dans la franchise NBA des Raptors de Toronto, Pascal Siakam, 27 ans, est aussi un digne fils du populeux quartier de la ville de Douala, New Bell Ngangue. Mais, contrairement à d’autres comme Christian Bassogog ou Samuel Eto’o Fils, qui est de New Bell Bassa, le Lion Indomptable du basket, qui toucherait environ 29 millions de dollars par an, plus que tous les footballeurs camerounais, n’a apparemment rien fait pour les siens. Très remontés contre lui, certains de ses amis d’enfance l’interpellent dans ce reportage effectué dans son fief de Douala.

Maison d'enfance de Pascal Siakam
Maison d’enfance de Pascal Siakam

Après des années passées à jouer au football dans les rues de New Bell Ngangue avec ses amis, Pascal Siakam a très vite compris qu’il fallait changer de discipline. Porté par un physique déjà impressionnant de plus de 2 mètres d’envergure, il décide de virer dans le basket. Mais, son père, qui était le maire de Makénéné, le fait entrer au séminaire Saint André à Bafia à l’âge de 11 ans. Il obtient son diplôme avant de quitter l’institution. C’est à 16 ans qu’il s’envole pour les États-Unis, après un camp Basketball sans frontières (Basketball Without Borders) organisé par la NBA et la FIBA, à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Désiré Batchou
Désiré Batchou

Champion NBA en 2019 avec les Toronto Raptors, en décrochant également le trophée honorifique de « NBA Most Improved Player 2019 », récompensant le joueur ayant le plus progressé par rapport à l’année précédente, sur la base de ses statistiques individuelles, Pascal Siakam ne fait toujours pas la fierté de sa communauté de New Bell Ngangue. « Quand quelqu’un évolue, sort du pays et revient, c’est pour aider les gens avec lesquels il a grandi. Prenons des exemples sur Bassogog et Eto’o, ils ont fait quelque chose pour tous ceux qui sont passés dans leurs rayons. Voilà la maison familiale de Pascal Siakam, mais il fait quoi pour qui dans ce quartier ? », se demande Désiré Batchou, communément appelé le « milliardaire chinois ».

Terrain où jouait Pascal Siakam
Terrain où jouait Pascal Siakam

Très en colère après son ami d’enfance Pascal Siakam, pour son manque de considération, il l’interpelle. « Aujourd’hui, il est star et il mène une vie de star. Personnellement, je gagne assez, je n’ai pas besoin qu’il me vienne en aide. Je n’ai pas besoin de quoi que ça soit venant de lui, mais qu’il reconnaisse ses origines. Même quand il revient à Douala, on a l’impression qu’il vient de Bastos ou Bonapriso, il ne marche qu’avec les Stanley Enow. J’entends les gens dire que lorsqu’on atteint un certain niveau, on se crée de nouveaux amis. Seulement, il est bon de ne pas oublier ses racines. Les Bassogog et Eto’o, n’ont pas oublié ça et ils font des dons dans leur quartier et ça se ressent. Qu’il n’oublie pas d’où il vient », interpelle Désiré Batchou.

Maison familiale de Pascal Siakam
Maison familiale de Pascal Siakam

« Quand son père est décédé à la suite d’un accident de route, c’est nous qui l’avons enterré, pendant que lui (Pascal) était absent du Cameroun. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour rendre hommage à Papa Siakam, que tout le monde appelait affectueusement Monsieur le maire. Il aidait tout le monde dans le quartier », reconnaît Désiré Batcho. Maire de Makénéné, Tchamo Siakam était connu pour être un grand amateur de football. Il aidait beaucoup la discipline et posait beaucoup d’actions de bienfaisance envers la population, surtout les plus démunis. En effet, il est décédé dans un accident de la circulation, en 2014, alors que le sociétaire des Raptors n’avait que 20 ans.

Ruban Mussi
Ruban Mussi

Pascal Siakam, surnommé « Cool Joe », est le benjamin d’une famille de six enfants dont quatre garçons. « Pascal est un jeune homme bien. On a commencé à jouer d’abord au football, avant de virer au basket. Il disait tout le temps qu’il allait être quelqu’un un jour. Je me souviens qu’un jour, on est allé au camp Sonel pour les entraînements de basket. Arrivé sur place, on avait programmé un match pour le week-end et l’équipe qu’on devait affronter était composée de gaillards bien costauds. On les appelait Ecole de basket à l’époque. Moi j’ai pris peur et j’ai simulé une maladie. Mais, Pascal, comme il avait la hargne de gagneur, a sorti un grand jeu ce jour-là. On a réussi à gagner. Une victoire bien célébrée », a aussi fait avoir Ruben Mussi alias « Doyen ».

« Il répétait tout le temps qu’il sera quelqu’un à l’avenir. Il est parvenu à réaliser son rêve. Aujourd’hui, nous sommes tous fiers de lui, mais qu’il pense à sa communauté et d’autres jeunes du quartier qui veulent également percer dans le milieu du basket mondial comme lui. Il peut bien les aider comme il a lui-même été aidé quelque part. C’est juste un retour de l’ascenseur que lui demandent ses proches. Et je pense que ce n’est pas compliqué », a interpellé « Doyen ».

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