De l’importance de l’argent pour devenir Chef d’Etat


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On est maintenant sûr que le Bénin devra élire, au mois de mars, un nouveau Président. Un nouveau, qui n’aura encore jamais accédé à la magistrature suprême. Mais pour y arriver, il lui aura immanquablement fallu casser sa tirelire.

De notre correspondant Arnold Sénou

Au mois de mars, on est maintenant sûr que le Bénin devra élire un nouveau Président. Un nouveau, qui n’a encore jamais encore accédé à ce fauteuil suprême, puisque le chef de l’Etat sortant, le Général Mathieu Kérékou, est frappé par cet article de la constitution du pays, qui interdit bien de briguer trois fois ce mandat.

Au Bénin et dans les autres pays africains, il est bien connu que pour être élu Président de la République, il faut dépenser de l’argent. Dépenser, en organisant des meetings, où des artistes connus sont grassement payés pour vous apporter de leur public en chantant pour vous. Dans quelques jours, le groupe Wéziza, Dona Chanvoedou, Afafa,… seront dans une grande salle de spectacle, à l’appel d’un des candidats qui demande leur soutien, moyennant bien entendu une récompense.

Les autres signes visibles, qui démontrent que tel ou tel candidat dépense de l’argent, donc fait mieux campagne (eh oui, puisque cela lui permet d’occuper tous les espaces), sont les (nombreuses) affiches à son effigie, ou les banderoles devant des maisons, signalant que tel groupe de jeunes, ou tel autre mouvement, le soutient. Ainsi, les directeurs et coordonnateurs de campagne, les groupes ou mouvements de soutien se multiplient, selon les moyens de la personne qui veut briguer le fauteuil présidentiel. Et ils ne sont pas les seuls à trouver cette élection salutaire, parce que chez les peintres, photographes et autres imprimeurs, on parle de satisfaction parce qu’il « y a actuellement du travail », confie sous anonymat, l’un d’eux, sis à Cotonou.

Quand les campagnes investissent la chaussée

Et ces affiches, à l’effigie de tel ou tel présidentiable, se retrouvent partout. Sur les portails des maisons privées, publiques, les murs, et même en haut des toits. Et aussi, sur les portières des voitures. Au sujet de ce dernier élément, Cotonou est en proie depuis une semaine, date de démarrage de la campagne, à une forte animation dans les rues. Une animation drainée par de longues caravanes de voitures et de taxis-motos, tous feux allumés (même en plein jour), usant sans cesse de leur klaxon, et pour d’autres conducteurs, de leur auto-radio, jouant une musique dansante, où le volume est à son plus haut niveau. Quand la cohorte est très impressionnante, occupant une route sur une grande moitié de sa largeur et s’étalant sur une longueur d’une centaine de mètres environ, c’est à un véritable tintamarre que les riverains ont droit. Et ce « beau » monde n’arrête pas de hurler (le nom de son candidat), sur ces voies empruntées, créant par la même occasion, des embouteillages monstres.

Vous savez, en Afrique, on pense d’abord à son ventre, avant tout autre chose. Et oui, ces hommes et femmes qui ont le corps tapissé des affiches ou peint des couleurs du parti du présidentiable, ont déjà, tous, reçu, dans leurs mains, des espèces sonnantes et trébuchantes. Ainsi, plus le candidat débourse, plus il est présent dans les rues, à travers ces banderoles et autres pancartes, et donc, dans les gorges et mémoires. Cette présence du candidat, du moins en image, a pour but, d’obtenir la voix des indécis ou parfois même, des électeurs déjà gagnés à la cause d’un autre homme voulant briguer ce même fauteuil suprême. Et le jour du premier tour, le 5 mars pour ce qui nous concerne, la familiarité avec le nom et l’image du candidat, à travers un effet de proximité (qu’aurait instauré ces affiches et caravanes), voire de fraternité pour certains, permettra d’introduire dans l’urne son bulletin.

Adrien Houngbédji et Yayi Boni

Parmi les candidats qui ont le mieux, à la fin de cette première semaine, fait campagne, on peut retenir deux visages qui sortent indéniablement du lot. Ils ont pour nom, Adrien Houngbédji et Yayi Boni. Le premier est avocat de formation, et n’en est pas à sa première candidature, ce qui fait dire à ses partisans, que, désormais, son heure a sonné. Pour le second, jusqu’à quelques semaines encore, il était directeur de la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement). Il a su aussi séduire par ses résultats positifs, que sont ses gros bénéfices à la tête de cette banque, et par ces nombreuses réalisations dans le pays, que sont les routes bitumées pour lesquelles il a déboursé d’énormes fonds, à travers la BOAD bien entendu. La loi du plus riche sera-t-elle la meilleure ? Rendez-vous le 5 mars prochain pour un scrutin très attendu.

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