Il n’aura pas connu une jeunesse calme et paisible comme c’est souvent le cas chez les Sénégalais de son âge, pour la plupart élève ou étudiant. Vendeur de masques dans la Capitale du Rail, Bamba Faye en a fait du chemin, alors qu’il n’est âgé que de 20 ans. Avant de s’improviser vendeur de masques, il a été apprenti de camion, chauffeur et a voyagé à travers certains pays africains. AFRIK.COM a été à sa rencontre.
« Madame, vous voulez combien de masques ? Prenez ceux-ci, ils sont de très bonne qualité ». Ces mots sont de Bamba Faye, teint noir, lunette de soleil, debout su 1m87 pour environ 90 kg. Il a dressé son étal aux abords de la route nationale, dans la ville de Thiès (70 km de Dakar), en face du stade Maniang Soumaré. « Cela fait plus d’un an que je me suis reconverti en vendeur de masques », lance-t-il tout en filant à la dame les trois masques commandés, vendus à 100 FCFA pièce. « Deux mois après le début du Coronavirus, ici au Sénégal, j’ai vu que c’était un commerce qui pouvait me rapporter quelques sous, et je me suis lancé », confie le jeune natif de Thiès.
Tout juste avant d’embrasser cette profession, Bamba était chauffeur « rallye-man », nom donné aux transporteurs clandestins, qui desservent les différentes régions du Sénégal. « Ma venue dans ce métier coïncidait avec la fermeture des frontières entre les régions de Thiès et Dakar. Le métier de transporteur devenant subitement compliqué. Il se trouvait que dans le même temps, je courais derrière trois mois de salaire que me devait le propriétaire de la voiture que je conduisais, j’ai alors décidé de laisser tomber ce job de transporteur pour me reconvertir en vendeur de masques », confie le jeune qui, auparavant, aura roulé sa bosse.
« C’est en avril 2020 que j’ai eu mon permis de conduire, mais auparavant, j’étais apprenti de camion. Avec le chauffeur de ce poids lourd, on allait un peu partout en Afrique de l’Ouest pour livrer des marchandises. C’était soit du bois, du charbon ou du ciment. J’ai fait ce travail pendant cinq longues années. Quand je débutais, j’avais à peine quatorze ans. Cela m’a permis de beaucoup voyager et découvrir d’autres pays de la sous-région », raconte Bamba Faye, qui confie n’avoir jamais fait l’école. « Mais j’ai appris le coran. J’ai même fini mes études coraniques », lance-t-il fièrement.
« Il arrive qu’on écoule, chaque jour, un paquet de masques de 50 pièces, vendus l’un à 100 FCFA. Parfois deux paquets. Certains achètent un paquet entier de masques, mais la plupart le payent au détail, par un ou deux masques. J’avoue que la vente au détail est plus intéressante car, si on finit le paquet, on se retrouve avec 5 000 FCFA, alors que le paquet en entier se vend entre 2 500 FCFA et 3 000 FCFA », note-t-il en brandissant deux paquets de masques : un noir et un autre bleu ciel. « En ce moment, on n’en vend pas beaucoup. Il y a environ un mois, on en a tellement écoulé », s’exclame-t-il.
C’était sans doute au plus haut de la vague portée au Sénégal par le variant dit Delta, qui a fait des ravages dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. « Actuellement, comme vous pouvez le constater, beaucoup de Sénégalais ne portent plus le masque. Ce qui fait que notre chiffre d’affaire a baissé. Il a beaucoup baissé même. De toutes les façons, comme je vous l’ai dit tantôt, je ne suis que de passage dans ce métier, qui, pour moi, est une façon d’amasser un peu d’argent et en mettre de côté pour réaliser mes projets », confie celui qui, chaque matin, vers 09 heures, pointe à son lieu de travail qu’il ne quitte que vers 22 heures, pour rentrer chez lui, à Madina Fall (quartier le plus peuplé de Thiès).
« Je compte me payer ma propre voiture et me lancer dans le transport qui est mon métier. J’ai réussi à mettre de côté un peu d’argent, pas assez pour réaliser mon projet, mais je continue d’y croire, en poursuivant mon épargne. La plus grosse partie de mes économies a été réalisée en 2020, vers mai-juin, alors qu’un seul masque se vendait à l’époque entre 300 et 500 FCFA. Et on en vendait des paquets, car la maladie était une nouveauté qui avait fini de créer la panique au sein de la population. Aujourd’hui, la maladie semble maîtrisée, je crois, ce qui fait que les gens se protègent de moins en moins », lance-t-il.
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