Afrik.com est allé à la rencontre des gays afro-caribéens résidant en France, recueillant leurs témoignages. Le quotidien est loin d’être rose pour ces derniers qui doivent supporter le regard des autres, très pesant, sans compter le rejet au sein de leur propre communauté, où l’homosexualité est très mal vue.
Alors que le sujet reste tabou pour beaucoup, des homosexuels afro-caribéens ont accepté de se livrer à Afrik.com. A travers une série de portraits et de témoignages, nous nous sommes immiscés, le temps d’un moment, dans leur quotidien. Ils nous racontent leur vie, leurs peines, leurs relations parfois conflictuelles avec leur famille, qui peine parfois à accepter ce qu’ils sont.
Un quotidien loin d’être toujours aisé
L’homosexualité est encore très mal vue dans les communautés afro-caribéennes. Les homosexuels, en effet, issus d’Afrique ou encore des Caraïbes, sont régulièrement confrontés au regard très pesant des autres, mais aussi, au rejet à l’intérieur de leur propre communauté. Leur quotidien est loin d’être toujours aisé. D’ailleurs, pour éviter la pression familiale, qui mine leur vie, certains préfèrent cacher leur homosexualité ou tout bonnement y renoncer, en faisant profil bas.
Mais d’autres ont refusé d’être des victimes d’une quelconque discrimination, choisissant au contraire de vivre librement et d’assumer leur homosexualité. Ils sont optimistes et croient à un avenir meilleur pour les homosexuels, sans le regard pesant des autres. C’est le cas de David et Jean-Marc, un couple hétéro.
Comme un couple hétéro David et Jean-Marc se tiennent la main, dînent ensemble, s’offrent des cadeaux… Des petits gestes d’amour que les deux Afro-caribéens effectuent au quotidien pour entretenir la flamme. Loin des clichés, sans tabou, ils se sont mis à nus pour Afrik.com. Histoire de dire qu’ils n’ont rien d’anormal, mais sont juste deux hommes qui s’aiment !
Une histoire d’amour de longue haleine
Devant un match de football opposant la France à l’Espagne, David jette régulièrement des coups d’œil à son compagnon, Jean-Marc. Comme quelqu’un qui est profondément attiré par une autre personne et ne peut s’empêcher de la dévorer des yeux.
David, originaire de l’Île Maurice, et Jean-Marc, natif de la Guadeloupe, c’est une histoire d’amour de longue haleine. Ils sont en couple depuis au moins trois ans et se sont installés, ensemble, en banlieue parisienne, pour mieux vivre leur union. A ceux qui ne croient pas au coup de foudre, ces deux tourtereaux là prouvent bien que cela existe aussi chez les homosexuels, d’après leur témoignage.
Dès la première fois que ces trentenaires se sont vus, « j’ai tout de suite su que c’était l’homme de ma vie », raconte David, qui est un peu plus bavard que son compagnon, plus réservé, avec les mains souvent dans sa poche. Réservé mais pas timide non plus. « N’hésitez pas à nous recontacter si vous avez d’autres questions. On vous répondra avec plaisir », nous lance, le jeune Guadeloupéen, à la chevelure épaisse, noire de jais, doté d’une musculature développée.
Un bisou avant chaque film
Le Mauricien, fin et élancé, ne craint pas d’affirmer qu’il aime un homme. Même si en revanche, il refuse d’en parler à sa famille, craignent leur réaction. « Ils me rejetteraient si je leur disais la vérité, même si je pense qu’ils se doutent un peu que je suis homosexuel, comme je ne leur ai jamais présenté de fille à la maison ». Peut-être qu’il le leur avouera un jour. Mais ce n’est pas pour demain, admet-t-il.
Il tient sa relation secrète avec Jean-Marc, qu’il considère comme son « âme sœur », ce qui les pousse à vivre passionnément leur amour. Les deux amoureux ont d’ailleurs leurs propres rituels. Lorsqu’ils vont au cinéma, par exemple, ils se font un petit bisou avant le début de chaque film, en toute discrétion. Ils s’offrent régulièrement des cadeaux pour entretenir la flamme. « Je ne sais pas ce que je ferai sans Jean-Marc », confie David qui ne se voit pas vivre sans lui. Le Mauricien se souvient encore de l’histoire d’amour douloureuse qu’il a vécue avant de rencontrer son nouveau compagnon. « L’homme avec qui j’entretenais une relation m’a fait beaucoup de mal, car il n’était pas fidèle déjà, et il s’est beaucoup servi de moi, profitant de ma générosité ». Il reconnait aussi qu’il est très jaloux en relation. « Je suis assez possessif, donc je ne supporte pas d’être trompé ».
« On va régulièrement à l’Eglise »
Une mésaventure bien derrière lui depuis que Jean-Marc est entré dans son existence : « Il a changé ma vie. On a les mêmes centres d’intérêts. On pense aux mêmes choses. Je dirais même qu’on les pense au même moment ! C’est fou ! C’est comme une télépathie entre nous, je ne sais pas comment l’expliquer ! » Tout comme son petit ami, David porte aussi une chaîne en croix dorée, enfouie au fond de son tee-shirt noir, qu’il soulève discrètement pour la montrer. Eux aussi croient en Dieu même s’ils savent que leur homosexualité peut paraître incompatible pour beaucoup. Ils se rendent régulièrement à la messe les dimanches pour prier. « On peut être homosexuel et croire en Dieu », défend le couple.
« On ressent réellement des sentiments l’un pour l’autre. Ce n’est pas qu’une histoire de sexe », contrairement à ce que pensent la plupart de gens ». Autre clichés qu’ils rejettent également comme de l’eau sale : « Non ! C’est faux, les homosexuels ne sont pas forcément efféminés. Comme les autres hommes, on regarde des matchs de football, on fait du sport, on s’habille comme des hommes. Et dans la rue, si je ne dis pas que je suis gay, personne ne le saura », fulmine David.
De même, tous les homosexuels ne militent pas pour le mariage pour tous, souligne le couple. David lui est contre ce principe, car « j’ai toujours eu cette image du père et de la mère se mariant, élevant leur enfant ensemble. J’ai grandi avec cette image dans la tête. Aujourd’hui, difficile de m’imaginer que ça peut se passer autrement », confit-il.