Le Maroc semble décidé à boycotter les dattes en provenance d’Algérie. En cause, leur possible caractère cancérigène en raison de la radioactivité résiduelle des essais nucléaires français dans le Sahara, au début des années 60. Difficile pourtant, dans cette période de forte tension entre les deux pays du Maghreb, de ne pas y voir aussi quelques vengeances parties des réseaux sociaux.
13 février 1960, opération Gerboise bleue, c’est le premier d’une série de dix-sept essais nucléaires que réalisa la France pendant 6 années dans le désert algérien, entre Reggane et In Ecker. Ce sujet longtemps tabou est récemment revenu sur le devant de la scène médiatique à l’occasion de l’épisode inédit de la vague de sable saharien qui a traversé une grande partie de l’Europe la semaine dernière. L’occasion pour les scientifiques de revenir sur les risques, ou l’absence de risque, résultant de traces de poussière légèrement radioactive, des traces de Césium-137 issus des essais nucléaires effectués par la France.
Surfant sur cette vague un peu complotiste, de nombreux internautes marocains ont lancé un hashtag #Boycott _ dattes_ algériennes sur les réseaux sociaux. Une polémique qui intervient à l’approche du ramadan, où les dattes sont particulièrement consommées, et dans une période de tension après le rapprochement surprise entre l’Espagne et le Royaume chérifien sur la question du Sahara Occidental. Les arguments des internautes marocains sont souvent liés au caractère cancérigène des dattes, qui auraient été cultivées sur le sol où la France a effectué ses essais nucléaires dans les années 60. Mais il faudrait s’inquiéter alors d’une prise de conscience aussi tardive sachant que ces dattes sont consommées depuis des dizaines d’années. Et ces dattes algériennes, sont d’ailleurs toujours consommées en Algérie bien sur mais aussi dans tous les pays européens, pourtant très regardant sur la qualité sanitaire des produits.
D’autres internautes se contentent de raconter que les fruits algériens sont frelatés, ou pour les plus honnêtes de recommander une consommation des dattes marocaines, qui seraient meilleures ou simplement pour promouvoir l’agriculture locale.
Un différend de plus entre les deux voisins du Maghreb, sans doute pas la polémique la plus glorieuse, il faut bien le reconnaître.
