Le président américain a annoncé, ce mardi, de nouvelles sanctions unilatérales contre le Soudan. Il punit ainsi Khartoum de son « obstruction » au déploiement d’une force de maintien de la paix mixte des Nations Unies et de l’Union Africaine dans la région en guerre du Darfour (Ouest). Pendant que les Etats-Unis serrent la vis, la France propose la création d’un « corridor humanitaire à partir du Tchad ».
L’étau se resserre autour de Khartoum. Le président américain, George W. Bush, a annoncé, ce mardi, l’application immédiate de nouvelles sanctions unilatérales contre le Soudan pour l’obliger à accepter le déploiement au Darfour (Ouest) d’une force mixte des Nations Unies (Onu) et de l’Union Africaine (UA). « Les agissements du président el-Béchir au cours des dernières semaines prolongent une attitude que nous connaissons depuis longtemps et qui consiste à promettre de coopérer tout en recherchant de nouveaux moyens de faire obstruction », a déclaré George W. Bush.
Trente-et-une compagnies du pays est-africain, dont des firmes exportatrices de pétrole, seront ainsi privées de transactions commerciales et financières avec les Etats-Unis. Des hauts responsables du gouvernement seront aussi visés. Washington veut aller plus loin. George W. Bush désire faire passer au Conseil de sécurité des Nations Unies une nouvelle résolution pour obtenir, cette fois-ci, des mesures multilatérales contre le régime du président Omar el-Béchir. Il serait notamment question d’une interdiction des vols militaires du gouvernement au-dessus du Darfour et d’un embargo renforcé sur les armes. Cet embargo concernerait tout le territoire soudanais, et non plus seulement la région du Darfour, où le conflit aurait fait 200 000 morts et deux millions des déplacés.
Londres pour, Pékin contre
Fidèle allié des Etats-Unis, la Grande-Bretagne avait salué dès lundi les sanctions, que de hauts responsables américains avaient annoncées sous couvert d’anonymat avant la déclaration de George Bush. « Nous saluons toute action des Etats-Unis ou d’autres pour accentuer la pression sur le président Al-Béchir parce que ce qui se passe au Soudan n’est pas acceptable selon les critères internationaux. (…) Le Soudan accepte des choses sous la pression de la communauté internationale et fait ensuite marche arrière. Nous devons maintenir cette pression », a souligné le porte-parole du premier ministre britannique, Tony Blair.e
De son côté, la Chine, qui soutient le chef de l’Etat soudanais, dénonçait les mesures américaines comme néfaste à la pacification du pays. « Ces sanctions volontaires (…) vont simplement aboutir à compliquer la recherche d’une solution au problème », a expliqué Liu Guijin, le représentant de la Chine pour le Darfour, ce mardi, lors d’une conférence de presse donnée à Pékin. Ce responsable n’a toutefois pas directement répondu à la question portant sur un usage éventuel de son droit de veto au Conseil de sécurité si une résolution était proposée. Il faut dire que le sujet est sensible : l’empire du milieu entretient des relations étroites avec le Soudan, à qui il fournit des armes et achète 60% de sa production pétrolière.
La France veut un « corridor humanitaire »
L’objectif des représailles américaines est de pousser le gouvernement soudanais à accepter la force « hybride » Onu-UA qui doit compter près de 20 000 hommes, mais aussi de l’enjoindre à neutraliser les milices janjawid accusées des pires exactions au Darfour. Elles doivent aussi favoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans la région. Des diplomates émettent des réserves quant à un tel revirement. Le ministre français des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, n’a pas attendu de voir si les sanctions allaient avoir l’effet escompté.
Il a proposé l’instauration d’un « corridor humanitaire à partir du Tchad » voisin après un entretien avec son homologue chinois dans le cadre du forum Union européenne-Asie de Hambourg (Allemagne). « Ce n’est qu’une idée pour l’instant, mais pourquoi ne pas essayer ? », a expliqué Bernard Kouchner, précisant qu’il avait proposé à Yang Jiechi de « participer à un groupe de contact élargi sur le Darfour ». L’opération, si elle se concrétise, serait « sous mandat de l’Onu et à composante européenne », d’après des sources diplomatiques françaises. L’idée semble en tout cas intéresser. Le secrétaire-général de L’Onu, Ban Ki-Moon, l’a jugée « sérieuse », le haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, s’est montré prudent mais « d’accord sur le principe ».
Ce mardi soir, la chaîne de télévision France 5 organise une « Soirée spéciale Darfour »