Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), a présenté aux juges, mardi, ses premières accusations contre les responsables présumés des atrocités commises au Darfour en 2003 et 2004. Il a désigné le ministre soudanais Ahmed Haroun et le chef de la milice Janjaweed Ali Kushayb.
Ahmed Haroun, ministre soudanais d’Etat aux Affaires humanitaires et Ali Kushayb, chef de la milice Janjaweed ont été tenus, mardi, pour responsables de crimes commis en 2003 et 2004 au Darfour, par le procureur argentin de la Cour Pénale Internationale, Luis Moreno-Ocampo.
Toutefois, Luis Moreno-Ocampo doit apporter les preuves de ces allégations qui portent sur leur responsabilité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerres commis au Darfour entre 2003 et 2004. 51 chefs d’accusations les concernent. Selon le communiqué rédigé par son bureau, le procureur soumettra les éléments aux juges de la chambre préliminaire de la CPI. Ces derniers donneront, ensuite, l’autorisation d’ouvrir ou non une instruction à l’encontre des personnes nommées et éventuellement d’émettre des mandats d’arrêt internationaux.
M. Ahmed Haroun est accusé d’avoir aidé au recrutement de miliciens responsables de meurtres, viols et tortures sur la population. Ali Muhammad Ali Abd al Rahman, aussi connu sous le nom de Ali Kushayb est soupçonné d’être lié aux attaques de villages près de Mujkar, Bindisi et Garsil. De nombreux reporters et experts internationaux ont lié les activités de la milice Janjaweed au gouvernement central de Karthoum.
Cependant, le président soudanais, Omar el-Béchir rejette l’autorité de la CPI, nie l’implication du gouvernement dans la crise et dénonce une amplification des faits par les Etats-Unis et l’Occident. En mars 2005, le gouvernement soudanais a mis en place le Tribunal spécial soudanais pour le Darfour, condamné par Human Rights Watch qui l’a perçu comme « une nouvelle tentative pour couper l’herbe sous le pied de la CPI ».
Une traque de deux ans
Luis Moreno-Ocampo a enquêté pendant deux ans, avec l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations Unis, sur les accusations de persécutions, tortures, viols et meurtres. Son équipe a effectué plus de 70 missions dans 17 pays où 300 000 personnes ont trouvé refuge. Elle a recueilli des centaines de témoignages de victimes et organisé plusieurs entretiens avec des témoins. Son travail a porté sur les faits commis en 2003 et 2004 qui sont les périodes les plus violentes de la crise du Darfour. Grâce a ce travail d’investigation, il a pu établir une liste de 51 noms, encore secrets, de personnes impliquées dans la crise du Darfour. Il prévoit de les faire inculper en février en espérant que le travail entrepris mettra fin à l’impunité.
Cependant, aucune enquête n’a été menée directement au Darfour. Luis Moreno-Ocampo avait déclaré en décembre 2006 : « La difficulté est non seulement d’enquêter sur les crimes pendant qu’ils sont commis, mais en plus de ne pas mettre en danger les témoins. Nous avons une obligation légale de les protéger. Au Darfour, ce n’est pas possible.»
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