Le seul groupe rebelle ayant signé un accord de paix avec Khartoum pourrait bien reprendre les armes au Darfour. L’Armée de libération du Soudan accuse le gouvernement d’avoir attaqué la ville de Mohajiriya, ce que dément le pouvoir. La tension semble monter sur le terrain à l’approche de la conférence de paix qui doit se tenir en Libye, le 27 octobre prochain.
Mohajiriya a été le théâtre, lundi, d’une sanglante attaque. L’Armée de libération du Soudan (SLA), qui contrôle cette ville de la province du Darfour (Ouest), l’Union Africaine et les Nations Unies ont confirmé l’offensive. En revanche, seule la SLA a dressé un bilan, pour l’heure non vérifiable. Le mouvement rebelle – le seul à avoir signé, en 2006, un accord de paix avec le pouvoir – dénombre 48 civils et quatre de ses combattants tués. « A partir de maintenant, notre mouvement ne restera pas les bras croisés devant de telles attaques. Si cela se reproduit, nous reviendrons à la case départ, qui est la guerre, et elle sera pire que celle d’avant 2006 », a menacé Arkou Souleïmane Dhahia, « chef d’état-major » de la SLA.
Une menace adressée au gouvernement de Khartoum, à qui elle a imputé, mardi, l’attaque. Selon les rebelles, il est l’auteur d’un raid aérien et d’un assaut terrestre, mené avec l’aide des miliciens djanjawids. L’Union Africaine (UA) avait confirmé un raid de l’aviation soudanaise. Cependant, le commandant de la force de l’UA au Darfour, Martin Luther Agwai, a finalement indiqué que les soldats avaient fait une confusion entre un bombardement aérien et des tirs d’artillerie… Et de conclure : « Rien n’indique que des bombes ont été larguées. Mais des avions survolaient la zone ».
Craintes à la l’approche des négociations de paix
Le régime d’Omar el Béchir a démenti les accusations, mardi, expliquant que, « selon des informations initiales, des affrontements ont eu lieu le 8 octobre dans et autour de Mohajiriya entre le SLA de Minni Minawi et ce qui semble être des milices tribales ». « Les forces armées n’ont rien à voir dans ce qui se passe dans la région de Mohajiriya et n’y sont intervenues d’aucune manière, a par ailleurs assuré le général Othmane Mohammed al-Aghbach, porte-parole de l’armée, dans un communiqué cité par l’agence officielle Suna. (…) L’aviation militaire n’est nullement intervenue dans cette zone. Les avions ne se sont même pas approchés de cette région et ne faisaient qu’effectuer des sorties d’observation au dessus de Haskanita (à 90 km de Mohajiriya, ndlr) conformément à des arrangements avec l’Union africaine. »
A noter que des rebelles qui n’ont pas signé l’accord de paix et l’organisation des droits de l’Homme Amnesty International rapportent que l’armée soudanaise se masse près de quelques villes du Nord du Darfour, comme Tine. Elle se préparerait à faire pression ou à attaquer les dissidents qui s’y trouvent. Ce climat belliqueux inquiète. D’autant que, le 17 octobre, les parties en présence dans le conflit du Darfour, qui a fait 200 000 morts d’après les Nations Unies, doivent se retrouver en Libye pour mettre un terme à la guerre.