Khartoum a confirmé, mercredi, son refus de participer à la rencontre de Paris sur le Darfour. Mais Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères a obtenu, dimanche, lors de sa tournée africaine, que la possibilité d’une présence internationale au Tchad soit examinée par le président tchadien Idriss Deby. Le conflit au Darfour risque en effet d’embraser l’est de son territoire.
Bernard Kouchner échoue au Soudan et obtient, sans gloire, les concessions de son allié tchadien dans ses tentatives de mettre fin au calvaire de milliers de civils dans la région soudanaise du Darfour. Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, n’est pas arrivé à convaincre, lundi, son homologue soudanais, Lam Akol, du bien-fondé de la réunion de Paris qui se tiendra le 25 juin prochain. Le Soudan ne se retrouvera donc pas aux côtés de la Chine, l’allié qui doit le convaincre de trouver une issue à la crise au Darfour, et devant les Etats-Unis qui l’accusent de génocide. La dernière étape de la première tournée africaine du « French doctor », commencée jeudi dernier au Mali, s’est ainsi soldée par un échec d’autant plus cuisant que la France, pensait-on, aurait pu se prévaloir d’une neutralité dont ne jouissent pas, les Etats-Unis soucieux de résoudre la question du Darfour.
Karthoum a confirmé officiellement, mercredi, son rejet de la conférence internationale de Paris. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a expliqué ce refus, dans un communiqué, par le fait qu' »en préparant la conférence, la France n’a pas consulté le Soudan » alors qu’il « est le premier concerné » par la question du Darfour et par la nécessité d’unir les efforts de paix. Il a estimé que la conférence proposée par la France risquait au contraire de « disperser les efforts » de recherche d’une solution.
Le Soudan préférerait, selon son ministre des Affaires étrangères, se focaliser sur les initiatives communes de l’Union africaine et des Nations Unies pour trouver une issue à la crise.
Des initiatives qui, la veille, ont donné des résultats encourageants. Le Soudan a accepté, mardi, le déploiement d’une force hybride composée des casques bleus des Nations Unies et des militaires de l’Union africaine (UA) dans la province du Darfour. Le gouvernement soudanais répond ainsi favorablement à une proposition faite par les Nations Unies en août 2006 et dont elle avait accepté le principe depuis novembre de la même année.
Bernard Kouchner doit se contenter des concessions tchadiennes pour le Darfour
Pendant ce temps, la crise se propage dans l’est du Tchad voisin. « Le gouvernement soudanais exporte de façon active la crise du Darfour vers son voisin en soutenant matériellement les milices janjaweed et en se gardant de les désarmer ou de les contrôler », indiquait en janvier dernier, Peter Takirambudde, le directeur de la Division Afrique à Human Rights Watch, l’ONG américaine de défense des droits de l’homme. « Les milices janjaweed, poursuivait-il, sont en train de faire au Tchad ce qu’ils font au Darfour depuis 2003 : tuer des civils, incendier des villages et voler le bétail, et ce au cours d’attaques aux relents ethniques ».
L’est tchadien est un territoire où se côtoient, entre autres, les milliers des civils qui ont fui le Darfour, soit 160 000 déplacés et environ 230 000 réfugiés. S’y trouvent également les milices arabes soudanaises qui continuent de terroriser les populations locales, au-delà des frontières de leur pays, et les mouvements rebelles du Darfour soutenus par le Tchad. Aussi la décision du président tchadien, allié de la France, d’examiner la possibilité du déploiement d’une force internationale dans cette partie du pays trouve une résonnance particulière quand son voisin se montre fermé aux propositions de Paris. La France présentera dès le 25 juin un projet au Tchad.
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