Amnesty international accuse Khartoum de continuer à pourvoir des milices en armes lourdes et légères, au Darfour, afin de lutter contre les groupes rebelles de cette région du Soudan. L’ONG demande aux Nations Unies de faire respecter l’embargo sur les armes et de permettre à la future force des Nations Unies au Darfour de désarmer les forces en présence.
« Le gouvernement soudanais continue d’envoyer des armes au Darfour, en violation flagrante de l’embargo sur les armes décrété par les Nations unies (29 mars 2005) et des accords de paix qui ont été signés, déclare Brian Wood, responsable des recherches au sein d’Amnesty International pour la campagne Contrôlez les armes, dans un communiqué publié ce vendredi. L’ONG demande de nouveau au Conseil de sécurité de l’ONU de faire respecter l’embargo, en déployant notamment des observateurs à tous les points d’entrée au Soudan et au Darfour. »
Amnesty international s’appuie sur une photo prise en juillet dernier montrant des soldats soudanais décharger les caisses d’un Antonov sur la zone militaire de l’aéroport d’El Geneina, au Darfour. L’appareil apparaît sur la liste des avions affrétés par Azza Transport, une société qui fait actuellement l’objet d’une enquête du Groupe d’experts des Nations unies sur l’embargo sur les armes. Deux autres images montrent des hélicoptères de combat russes sur le même aéroport d’El Geneina.
En avril dernier, le New York Times, citant un rapport confidentiel de l’ONU, avait déjà accusé le gouvernement soudanais d’utiliser des avions arborant faussement les couleurs de l’ONU ou de l’Union africaine pour transporter des armes et bombarder la région du Darfour. Le document, obtenu auprès d’un diplomate d’un pays membre du Conseil de sécurité, ajoutait que les rebelles du Darfour s’étaient eux aussi rendus coupables de violations des résolutions de l’ONU et des règles humanitaires.
Un mandat pour désarmer les groupes en présence
En juin, l’ONU avait fait état de bombardements aériens des autorités soudanaises contre des villages dans le Darfour septentrional. Mais alors que Khartoum a donné son accord le 31 juillet au Conseil de sécurité des Nations Unies pour le déploiement d’une force hybride ONU/UA au Darfour, les attaques combinées de l’armée régulière et des milices se poursuivraient dans les zones contrôlées par les groupes rebelles.
« Des habitants ont indiqué que des hélicoptères étaient venus approvisionner en armes les forces gouvernementales et les Janjawids, indique ainsi le communiqué d’Amnesty. Après une attaque du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) dans la ville d’Adila (Darfour méridional), le 2 août, un Antonov du gouvernement soudanais a bombardé des villages et des points d’approvisionnement en eau. Taalba, près d’Adila, a été bombardé à plusieurs reprises, et le 13 août ce fut le tour des villages de Habib Suleiman and Fataha. Un Antonov ayant la capacité d’effectuer de tels raids aurait été transféré de la Russie au Soudan en septembre 2006. »
Amnesty s’inquiète également de la prolifération des véhicules tout terrains armés et des armes de « petit calibre », lance-grenade ou mitraillettes, utilisés contre les civils et les ONG. Elle fait état d’une attaque qui aurait fait 68 morts, le 31 juillet, lorsque des Rizeikats, dont un grand nombre portait un uniforme, ont attaqué des Tarjems. Les deux groupes ethniques ont pourtant été « membres des milices janjawids et des autres forces paramilitaires soutenues par le gouvernement soudanais », indique Amnesty.
En plus de réclamer le respect de l’embargo sur les armes, l’ONG demande aux Nations Unies de mandater les soldats de la force de maintien de la paix pour « désarmer et démobiliser les Janjawids soutenus par le gouvernement et les groupes armés d’opposition du Darfour. »
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