Les casques bleus déployés au Darfour au sein de la force hybride Nations-Unies-Union Africaine ont été victimes mardi d’une violente attaque non revendiquée. Sept hommes ont trouvé la mort et 22 ont été blessés dans un échange de tirs qui passe pour être le plus meurtrier commis contre la force mixte.
Une violente attaque armée a fait sept morts mardi dans les rangs de la Minuad, la Mission des Nations-Unies et de l’Union Africaine au Darfour. C’est l’attaque la plus meurtrière visant des casques bleus depuis leur arrivée dans la région en janvier. La force hybride déplore la perte de cinq soldats rwandais et de deux policiers ougandais et ghanéen. La patrouille militaro-policière a été prise en embuscade dans la zone d’Um Haqiba, à 100 kilomètres à l’Est de Shangil Tbayi, au Darfour-Nord. Une quarantaine de véhicules rebelles, lourdement armés, ont infligés des tirs pendant plus de deux heures aux trente véhicules des casques bleus qui revenaient d’une mission d’enquête sur le meurtre de civils. Le bilan fait également état de 22 blessés – parmi lesquels 17 Rwandais – dont sept sont dans un état critique.
L’attaque, non-revendiquée, est attribué à une milice arabe soudanaise, les Janjawids. Plusieurs factions rebelles, dont le Mouvement pour l’Egalité et la Justice (JEM), ont nié toute implication dans cet acte et l’ont condamné, assurant qu’ils soutenaient la Minuad. L’armée soudanaise a fait de même, rejetant toute responsabilité.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a vivement condamné l’attaque, qu’il a qualifiée d’ « inacceptable ». Il a appelé le gouvernement et la justice soudanais à « tout faire pour identifier rapidement ses auteurs et les traduire devant la justice », a déclaré sa porte-parole, Michèle Montas. Les Nations-Unies ont par ailleurs demandé à la Communauté Internationale de soutenir au mieux la force de maintien de la paix au Darfour, en guerre depuis 2003.
De son côté, la présidence française de l’Union Européenne a réagi en déplorant cet assaut « à caractère massif dans une intention délibérée d’infliger des pertes ».
La Minuad, cible facile
Depuis son déploiement au mois de janvier dernier, la force hybride de maintien de la paix a subi de nombreuses attaques de la part de factions rebelles. Les assauts sont de plus en plus fréquents. L’embuscade de mardi survient deux jours après un offensive dans une autre région du Darfour. Le mois dernier, des cavaliers armés ont tendu une piège à la Minuad puis, dans des faits séparés, un policier ougandais a été tué par balle au Darfour Nord. Au mois de mai, un membre de la Minuad a été brièvement enlevé par des miliciens arabes dans l’Ouest de la région.
La Minuad est mal équipée et manque de moyens pour répondre à ce type d’affronts, souffrant de difficultés logistiques et politiques. Cette mission – qui devrait compter 26 000 hommes dont 19 500 soldats et 6 500 policiers – ne possède à ce jour que 9 200 hommes. Seuls les contingents africains ont pour l’instant été autorisés à gagner le terrain, Khartoum bloquant l’entrée du pays aux forces étrangères. Les soldats thaïlandais et népalais, prévus en renfort, attendent toujours l’autorisation de pénétrer sur le sol.
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