Dakar-Touba dans un avion sans ailes


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La Compagnie sahélienne d’hélicoptères crée la première ligne directe Dakar-Touba. Seules 45 minutes séparent désormais les deux villes. Bien que cher, le nouveau moyen de transport pourrait se développer rapidement. C’est du moins la grande ambition de cette petite compagnie.

Dakar-Touba en 45 minutes, c’est possible. Depuis vendredi dernier, la Compagnie sahélienne d’hélicoptères peut se féliciter d’avoir créé la première ligne directe entre les deux villes. A 72 000 F CFA l’aller-retour, l’hélicoptère reste un luxe. Mais la petite compagnie dirigée par Patrick Koréa, qui emploie déjà 15 personnes, se propose d’en faire le mode de transport privilégié des touristes et des riches Sénégalais. Les héliports fleurissent déjà comme des champignons. Interview de Mamadou Kaloga, directeur d’exploitation de la Sahélienne.

Afrik : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer une liaison Dakar-Touba en hélicoptère ?

Mamadou Kaloga : Il n’y a pas d’aéroport à Touba, donc le seul moyen de s’y rendre autrement que par la route, c’est l’hélicoptère. C’est un moyen de transport onéreux, mais Touba est une ville de pèlerinage, beaucoup de gens veulent s’y rendre. C’est également une région très commerçante. D’importants marchands dakarois ont de la famille là-bas et sont amenés à faire des aller et retours. Enfin, la plupart des Sénégalais de l’extérieur viennent de cette région. En sortant de l’aéroport de Dakar, ils seront sans doute heureux de trouver un moyen de se rendre auprès de leurs proches en seulement 45 minutes. Dernière raison, plus pragmatique : il y avait déjà un héliport à Touba.

Afrik : Justement, la ville a investi dans la construction d’un héliport dont votre compagnie est l’unique utilisateur. Comment va-t-elle en bénéficier ?

Mamadou Kaloga : L’aéroport a été construit par le gouvernement. Mais nous nous sommes mis en relation avec la communauté rurale de Touba. Nous leur fournissons un ensemble de services. Le gardiennage de l’aéroport et le transfert des passagers jusqu’à la mosquée sont assurés par nos soins. Ils vont avoir l’exclusivité de la vente des billets et, bien sûr, vont toucher une commission dessus.

Afrik : Ce type de vol n’est pas votre activité première…

Mamadou Kaloga : Non, c’est la première fois que nous organisons ainsi du transport de passagers en hélicoptère, même si nous disposons aussi d’un avion qui nous conduit parfois à assurer le transport de touristes en groupes. Depuis cinq ans, notre société est spécialisée dans l’évacuation sanitaire, le transporte de VIP (Very important persons, ndlr) et le transport occasionnel de touristes. Mais il y a un an, nous avons fait l’acquisition d’un hélicoptère MI8 qui dispose de 25 places. C’est le moment de l’optimiser.

Afrik : Quelles sont vos perspectives de développement ?

Mamadou Kaloga : Nous assurons un vol hebdomadaire – le vendredi – entre Dakar et Touba. Si le remplissage nous le permet, nous espérons établir une liaison quotidienne entre les deux villes. Nous avons déjà organisé une campagne de publicité à base de prospectus pour faire connaître notre activité et nous devrions bénéficier de publireportages à la radio et à la télévision nationale (RTS). A terme, nous aimerions faire de l’hélicoptère la solution de secours pour les endroits qui ne peuvent être desservis par avion : l’île de Gorée, le Lac rose, la grande capitale religieuse de Tiwawan et les transferts sur Saly… Nombre d’entre eux disposent déjà d’un héliport.

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