Le gouvernement du Sénégal et l’Union africaine (UA) ont signé un accord ce mercredi pour la mise en place d’un tribunal spécial afin de juger Hissène Habré, l’ex président tchadien. Le procès aura lieu à Dakar où il est en exil depuis 1990.
(De notre correspondant)
Il y a de cela un mois, le nouveau régime sénégalais avait donné son accord au projet de l’Union africaine (UA) pour juger Hissène Habré devant un tribunal spécial au sein du système judiciaire sénégalais présidé par des juges africains nommés par l’UA. Cette décision vient d’être concrétisée ce mercredi à Dakar avec la signature d’un accord entre l’état du Sénégal et l’Union africaine pour démarrer le procès de Hissene Habré accusé d’avoir assassiné plus de 40 000 personnes, selon une commission d’enquête tchadienne.
Mme Aminata Traoré, ministre sénégalaise de la justice, représentante du Sénégal pendant la signature de l’accord, s’est dite confiante de la tenue de ce procès : « Nous nous acheminons résolument vers la tenue du procès tant attendu. Il n’y a plus d’obstacles, nous allons commencer le recrutement des magistrats. C’est un signe de renouveau pour l’Afrique tout entière et nous n’avons pas besoin qu’on nous rappelle nos responsabilités ».
Cependant, la ministre de la justice sénégalaise invite l’Union africaine à respecter « le droit et à l’appliquer car ce procès est unique dans son genre, nulle part au monde nous n’avons vu cette expérience, d’installation d’une chambre spéciale. Les signataires de l’accord ont promis de rester en dialogue permanent ». L’UA, représentée par Robert Dossou, s’est réjouie de cet accord : « Nous sommes sur le segment de parcours qui va déboucher sur la démonstration que l’Afrique peut juger l’Afrique, que l’Afrique peut se donner dans la continuité les bonnes traditions, les valeurs que requièrent le développement, la démocratie, la justice et l’état de droit aujourd’hui », a-t-il salué.
Huit milliards de FCFA pour juger Habré
Toute l’assistance attendait la révélation de cette somme colossale devant servir au jugement de l’ancien président tchadien. Selon l’accord, huit milliards de FCFA (12 195 921.38 d’euros) seront mobilisés pour assurer le bon fonctionnement du procès, grâce à la contribution des pays comme le Luxembourg et le Tchad mais aussi la participation de l’Union européenne (UE) et de l’UA.
Hissène Habré vit en exil à Dakar depuis la chute de son régime en 1990, après huit ans au pouvoir. Malgré plusieurs demandes d’extradition faites par les grands tribunaux internationaux pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures. L’ancien régime du Président Abdoulaye Wade, avait accepté en 2006 de juger Habré à la demande de l’Union africaine, mais ce procès n’a jamais eu lieu. Cet accord survient au moment où le président nigérian Jonathan Goodluck se rend à Dakar pour une visite de deux jours.
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