La première Conférence des Intellectuels d’Afrique et de la Diaspora se déroule jusqu’à samedi à Dakar, sous le thème de « l’Afrique au 21ème siècle : intégration et renaissance ». Cet évènement mobilisateur historique de trois jours se veut l’occasion de dresser un tableau synthétique de la situation du continent.
La première Conférence des intellectuels de l’Afrique et de la diaspora, organisée par l’Union africaine (UA), a commencé ses travaux jeudi à Dakar. Elle vise essentiellement à donner l’occasion aux intellectuels de l’Afrique et de la diaspora « de se connaître et de dialoguer sur les problèmes de l’Afrique » a précisé le Président sénégalais Abdoulaye Wade lors d’une rencontre avec la presse. Ces rencontres devraient constituer un réarmement moral face à l’afro-pessimisme et voir émerger « une véritable intelligentsia africaine ». Il s’agit en quelque sorte de transmettre la mémoire et construire l’avenir, en se penchant sur des sujets comme « le panafricanisme au 21ème siècle », « l’Afrique, la science et la technologie : enjeux et perspectives » ou encore « la place de l’Afrique dans le monde ».
Lors de la cérémonie d’ouverture, le Président de la Commission de l’Union Africaine, Alpha Oumar Konaré, a appelé à la mobilisation des intellectuels d’Afrique et de la diaspora pour, dit-il, « libérer le capital intellectuel ». En affirmant que l’aide publique et l’effacement de la dette ne suffiraient pas pour venir à bout de toutes les difficultés, il a invité les intellectuels à explorer de nouvelles pistes de financement. M. Konaré leur a aussi demandé de réfléchir sur la valorisation des langues nationales.
700 Participants
La conférence des intellectuels, qui s’achève samedi, a réuni près de 700 participants venus de toutes les régions d’Afrique et de ses diasporas. La rencontre a été précédée mercredi par une soirée de gala durant laquelle des lauréats de prix Nobel et Présidents africains ont lancé un appel en faveur de la paix sur le Continent. Alpha Oumar Konaré a officiellement ouvert la Conférence, en présence de cinq chefs d’Etat du continent et deux lauréats africains de Prix Nobel. Les Présidents Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Pedro Pires (Cap-Vert), Amadou Toumani Touré (Mali), Yoweri Museveni (Ouganda), Olusegun Obasanjo (Nigeria) étaient aux côtés de leur hôte sénégalais, Abdoulaye Wade.
Plusieurs autres chefs d’Etat, invités, se sont fait représenter aux travaux comme le Président gambien Yayha Jammeh, dont la vice-présidente Isatou Njie Saidy, a porté le message. L’ancien Président sud-africain Frederick de Klerk, prix Nobel de la paix conjointement avec son successeur Nelson Mandela en 1993, et l’écrivain nigérian Wole Soyinka, récompensé du prix Nobel de littérature en 1986, ont pu faire le déplacement à Dakar sur les huit lauréats africains vivants invités, selon les organisateurs. Malheureusement, l’ancien Président sud-africain Nelson Mandela, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu (prix Nobel de la paix en 1984) et le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, (co-lauréat du prix Nobel de la paix avec l’ONU), n’ont pas pu venir à Dakar, s’exprimer, pour diverses raisons.
« La diaspora, 6ème région de l’Afrique »
Après l’hymne de l’UA et la présentation du bureau de la conférence, le Président Alpha Oumar Konaré s’est longuement prononcé sur les tenants et les aboutissants de cette « odyssée intellectuelle ». « Nous voulons une Afrique africaine avant d’être une Afrique anglophone, une Afrique francophone, une Afrique lusophone, une Afrique hispanophone », a indiqué le Président de la Commission de l’UA. Le Président sénégalais a, quant à lui, exhorté les intellectuels à se pencher sur les maux dont souffre l’Afrique et à aider les pouvoirs publics en faisant des propositions allant dans le sens des intérêts du Continent.
Les intellectuels se doivent d’être les « sculpteurs d’une nouvelle Afrique ». Cette première dans le pays de la « Téranga » se doit d’être un tremplin pour l’avenir. « Plus de Rwanda , plus de Darfour !», a plaidé le Président Konaré en exaltant les vertus de la justice et de la bonne gouvernance. Et malgré les fléaux du Sida et des conflits, il a reconnu nourrir plus d’un espoir. Pour une participation plus active de la diaspora, le Président Obasanjo a adhéré à l’idée d’en faire la 6ème région de l’Afrique. Les réflexions ont abouti à quatre conclusions. Elles concernent la recherche de la Paix comme synonyme de développement, le soutien de l’Union Africaine, faire de 2005-2015, la Décennie de la Paix et mobiliser les Nobels du Continent et du reste du monde pour des idéaux de justice, et de respect des droits de l’Homme.