Cyclisme féminin en Afrique : un parcours semé d’embûche


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Eyeru Tesfoam
Eyeru Tesfoam

Eyeru Tesfoam, cycliste éthiopienne réfugiée en France, se prépare pour les Jeux olympiques de Paris. Elle incarne la résilience des jeunes Africaines face aux défis du cyclisme féminin sur le continent.

Pour Eyeru Tesfoam, le vélo a été bien plus qu’un simple moyen de transport ou un passe-temps. C’était une bouée de sauvetage. Cette cycliste éthiopienne de 27 ans, aujourd’hui réfugiée en France, s’apprête à concourir aux Jeux olympiques de Paris sous la bannière de l’équipe olympique des réfugiés. Ayant fui la guerre civile dans sa région natale du Tigré, elle représente un symbole de résilience et de détermination pour de nombreuses jeunes Africaines.

Les obstacles financiers et culturels

Comme beaucoup d’autres, Eyeru a dû surmonter des obstacles financiers et culturels pour embrasser le cyclisme. « Pour les filles, c’est compliqué, il y a peu de vélos et ça coûte cher », explique-t-elle. Les familles, souvent modestes, peinent à soutenir des carrières sportives jugées non viables pour les femmes. En dépit de ces défis, Eyeru a poursuivi son rêve, prouvant que la passion et la persévérance peuvent surmonter les barrières les plus élevées.

Des compétitions rares, mais essentielles

Le manque de compétitions féminines de haut niveau en Afrique constitue un autre frein majeur. À part les Jeux africains et le Tour du Burundi, les occasions pour les cyclistes de prouver leur valeur sont rares. Jean-Pierre Van Zyl, directeur de l’Union Cycliste Internationale (UCI) en Afrique, souligne que « ce sont les oubliées du cyclisme ». Une seule structure pour 54 pays ne suffit pas à soutenir les ambitions de ces athlètes.

L’innovation au service des cyclistes

Pour pallier l’absence de courses, des initiatives innovantes voient le jour. Au Bénin, sous la direction de Romuald Hazoumé, les cyclistes s’entraînent sur des vélos connectés, participant à des courses virtuelles. Cette méthode permet de recueillir des données de performance et de les rendre visibles aux équipes internationales. Yétondé Kpovihouédé, une jeune cycliste béninoise de 23 ans, utilise ces machines Zwift et rêve de courir en Europe.

Les défis de l’intégration en Europe

Même lorsqu’elles réussissent à attirer l’attention des équipes européennes, les cyclistes africaines doivent encore affronter de nombreux défis. L’obtention de visas et l’adaptation à de nouvelles conditions de vie et de course sont des obstacles supplémentaires. Eyeru Tesfoam témoigne de ces difficultés : « L’adaptation prend du temps, la vie, la langue mais aussi les courses. »

Un potentiel inexploité

Le potentiel des cyclistes africaines est indéniable, mais il reste largement inexploité. Kimberly Coats, directrice d’Africa Rising, milite pour une meilleure reconnaissance et des ressources accrues pour les athlètes féminines. Selon elle, les fédérations nationales laissent trop peu de place aux femmes, freinant ainsi leur progression.

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