Informer la femme afro. Culturefemme s’en charge depuis 2003 grâce à Julienne Minsili Zanga, la fondatrice du site. Son parcours et ses convictions se confondent avec celui des lectrices de son webzine.
Une seule ambition pour le site Culturefemme : « la maîtrise de sa parole en tant que femme africaine en Europe », dixit Julienne Minsili Zanga, fondatrice et directrice éditoriale du site. Sur Culturefemme, la femme afro exprime et défend « son identité plurielle ». « Je suis une grande consommatrice de magazines et d’Internet et je ne m’y retrouvais pas toujours », explique cette native du Cameroun qu’elle a quitté pour la France il y a une douzaine d’années.
Titulaire d’une maîtrise en sciences sociales, la littérature est l’une des premières amours de la jeune femme. Julienne Minsili Zanga a publié son premier roman Alima et le prince de l’océan en 2001. Deux ans plus tard, paraît le recueil de nouvelles Eboni (Celui qui courait après un corps). 2003 sera aussi celle de la naissance de Culturefemme qui a fait peau neuve le 20 novembre dernier. Internet s’est trouvé être l’outil idéal pour prendre la parole sur le Net au nom des femmes afro, la cible de son webzine.
« Je suis une femme, avec une actualité spécifique, mais je ne suis pas que ça ». C’est sous ce leitmotiv que se décline le portail. Mode, beauté, société, vie pratique et actualité générale sont traités dans treize grandes rubriques. Des articles de fond côtoient des sujets plus légers. En matière d’esthétique, Culturefemme, c’est l’envie de refléter la femme afro dans toute sa diversité : « de la plus noire à la plus claire ». « En Europe, je constate que la femme afro, qui est mise en avant, est de plus en plus claire et ses traits sont de plus en plus « européens ». Pour moi, quelle qu’elle soit, la femme afro est belle ! ». « Dans la communauté afro-antillaise, regrette Julienne Minsili Zanga, on pense souvent que traiter de la beauté est superficiel. Mais l’esthétique est l’une des expressions de la culture. La perception que l’on a de soi définit nos attitudes. Le retour de l’afro, dont nous faisons écho sur le site, témoigne du fait que les gens s’assument de plus en plus tels qu’ils sont. »
«Exprimer vos pluriels, éveiller la reine qui est en vous »
La mode, elle, se vit aussi bien au travers des créateurs occidentaux qu’africains. « J’ai plusieurs identités et toutes peuvent cohabiter en bonne intelligence. Je n’ai pas besoin de renier l’une pour faire exister l’autre. Cette cohabitation fait de moi quelqu’un d’unique. Et cela se reflète, dans mon cas, dans mes choix vestimentaires : un tailleur très sérieux peut être accessoirisé avec un magnifique collier en bois. Un legging se marie très bien avec une tunique en pagne. Le simple fait d’être ce que je suis suffit à valoriser ma culture. « Exprimer vos pluriels, éveiller la reine qui est en vous, c’est le leitmotiv de Culturefemme »».
Et parce que les femmes doivent aussi « travailler en complémentarité avec l’homme », Culturefemme décortique aussi l’actualité de « L’homme CF ». Y figurent notamment « ceux qui nous ont tapé dans l’œil pour leurs parcours et leurs engagements ». Récemment le jeune Ali Soumaré, tête de liste PS en Val d’Oise, ou l’acteur américain Blair Underwood qui vient d’ouvrir un centre de soins pour les personnes séropositives dans son pays.
Une équipe d’une dizaine de personnes s’est fédérée autour du concept Culturefemme dont le public est très large et devraient attirer d’éventuels annonceurs. Trois mille visiteurs par jour dont 20% sont des hommes et 20 autres sont autres qu’afro-antillais. Cet intérêt n’étonne pas Julienne Minsili Zanga. « Je suis internaute et 99% des sites que je visite sont destinées à des femmes blanches, mais je m’y retrouve très bien en tant que femme et maman, « pour l’instant », de trois enfants de 13, 5 et 2 ans.
Julienne Minsili Zanga a bien évidemment mis entre parenthèses l’écriture au profit de Culturefemme. « J’ai besoin d’écrire». Si le site est chronophage, il est aussi un bon moyen de répondre à cette urgence . « Quand un sujet me touche, il faut que j’écrive tout de suite ». Fonctionnaire dans l’administration française, la responsable de Culturefemme consacre ses soirées et ses week-ends à son bébé virtuel.
A l’image de Julienne Minsili Zanga, fashionista assumée, au plus près de ses racines africaines – elle rentre dans son Cameroun natal le plus souvent possible, et très à l’aise dans sa patrie d’accueil, Culturefemme s’affirme comme un webzine à la fois authentique et actuel au service de la pluralité des femmes afro et de tous ceux qui souhaitent s’informer tout simplement !