Crise RDC-Rwanda : le M23 réclame un dialogue direct avec Kinshasa


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Des rebelles du M23
Des rebelles du M23

L’accord de cessez-le-feu négocié et obtenu, mardi dernier, par l’Angola dans le conflit à l’Est de la RDC continue de susciter des réactions. Même au sein du M23.

Alors que l’accord pour un cessez-le-feu annoncé par la Présidence angolaise, mardi soir, continue de susciter l’admiration au plan international, le M23, lui, demande plutôt un dialogue direct avec les autorités congolaises.

Le M23 ne se sent pas « automatiquement » lié par l’accord de cessez-le-feu

Dans une déclaration du M23 rapportée ce jeudi par le site d’informations congolais Mediacongo.net, les responsables du mouvement rebelle ont indiqué ne pas se sentir « automatiquement » liés par l’accord de cessez-le-feu obtenu à Luanda. Ce qui importe à leurs yeux, c’est un dialogue direct avec les autorités de Kinshasa. « La seule voie pour la résolution pacifique du conflit en cours est le dialogue politique direct avec le gouvernement de Kinshasa, qui traite les causes profondes des conflits récurrents à l’Est de la RDC », soutient le M23. La question qui se pose est alors de savoir quelle sera la position finale du M23 par rapport au cessez-le-feu.

Quelles sont les chances de succès de l’accord ?

Et derrière la question relative à la position du M23 se cache la grosse interrogation au sujet des chances de succès de l’accord de cessez-le-feu : est-il viable ? La question se pose d’autant plus que la trêve humanitaire négociée par les États-Unis tout récemment n’a pas été entièrement respectée. Avant cette trêve, il y a eu d’autres cessez-le-feu également violés. Mieux, jusqu’ici, le Président Félix Tshisekedi a toujours rejeté catégoriquement toute discussion avec le M23 qu’il considère comme une « coquille vide ».

Les prochains jours édifieront certainement les uns et les autres sur la question. Mais, en attendant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 4 août, les États-Unis apportent tout leur soutien à cet accord. Ils l’ont fait savoir dans un communiqué publié, ce jeudi. « Nous félicitons le gouvernement angolais, et en particulier le Président angolais et champion de l’Union africaine pour la paix et la réconciliation, João Lourenço, pour son travail de médiation. Nous saluons le rôle important joué par le mécanisme de vérification ad hoc, dirigé par l’Angola, dans la surveillance du cessez-le-feu », lit-on dans le texte.

Des félicitations, les États-Unis en ont également adressé aux gouvernements de la RDC et du Rwanda « pour leur engagement à poursuivre les négociations en vue de mettre fin à ce conflit ». Par ailleurs, le gouvernement américain se dit prêt à « soutenir la mise en œuvre et le suivi du cessez-le-feu, en particulier par le biais des efforts du mécanisme de vérification ad hoc angolais ». L’autre préoccupation exprimée par les États-Unis, c’est le respect des droits de l’homme par les acteurs impliqués dans le conflit.

João Lourenço en discussion avec Paul Kagame et Félix Tshisekedi

De son côté, le médiateur angolais, João Lourenço, continue de mener des tractations pour une résolution effective de la crise en l’Est de la RDC. Ce jeudi, le Président angolais a discuté par téléphone avec son homologue rwandais de l’accord sur le cessez-le-feu. Mercredi, il avait fait la même chose avec Félix Tshisekedi. L’objectif clairement affiché par le Président angolais est de réunir autour d’une même table les Présidents congolais et rwandais.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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