La crise politique en Tunisie est toujours en état d’alerte. Les discordes continuent d’alimenter le quotidien de la troïka. La scission est au porte de la coalition gouvernementale.
Une coalition au bord de l’échec. Une opposition au taquet. Tous les ingrédients pour mettre une fois de plus en péril la révolution tunisienne sont réunis. Le remaniement ministériel du Premier ministre, Hamadi Jebali, attendu depuis des mois, n’arrive toujours pas. Pire encore, il a été suspendu faute de compromis entre le parti islamiste Ennahda, ses alliés de l’exécutif (CpR et Ettakatol) et l’opposition. En cause, le refus d’Ennahda de céder les ministères régaliens comme le lui réclament l’opposition mais aussi ses « alliés ».
L’ultimatum est lancé. Si le parti islamiste refuse de céder les ministères de la Justice et des Affaires étrangères, le CpR et Ettakatol claqueront la porte de la troïka. Les conséquences seraient dramatiques pour Ennahda qui se retrouverait seule face à tous les partis tunisiens appuyés par la population. Une guerre qu’elle risque par conséquence fort bien de perdre.
La paralysie
Pendant qu’au plus haut sommet de l’Etat, certains cherchent à faire valoir leurs pouvoirs et assiègent les ministères clés, une partie importante de la population continue de baigner dans le chômage et la désillusion. L’asphyxie devient croissante sur le plan économique, administratif. Les Tunisiens attendent avec impatience la tenue de prochaines élections. Mais règleront-elles le gouffre dans lequel le pays s’enfonce ? Les observateurs économiques prévoient une baisse des exportations pour l’année 2013. En parallèle, les investissements sont en net recul ainsi que le pouvoir d’achat aussi dû aux augmentations vertigineuses des prix.
Pour tirer son épingle du jeu, Ennahda fait le tout pour le tout pour reconstituer l’alliance gouvernementale. Quitte à rassembler d’autres formations politiques. Une tâche compliquée lorsque plusieurs partis, tentés par une prise de pouvoir, ont annoncé le point de non-retour aux côtés d’Ennahda. Certains, à l’instar de Hédi Ben Abbès, membre du bureau politique du CpR, a mis en garde sur les risques d’une crise politique majeure dans le pays, rapporte l’agence TAP.
En marge de la réunion du Conseil national extraordinaire du CpR, Ben Abbès a fait part de ses regrets quant à l’absence d’un accord sur le remaniement ministériel. Il a toutefois exprimé son espoir de voir un accord final voir le jour. Mais si aucune des propositions du CpR ne trouvent d’échos positifs, le Conseil national du parti annoncera sa position au terme de sa réunion qui doit se poursuivre dimanche soir.
Dirigé par le président du Parlement, Mustapha Ben Jâafar, le CpR pourrait bien claquer la porte de la troïka si son allié islamiste ne cède aucun ministère tant convoité. Au sein même d’Ennahda, les dissensions deviennent récurrentes. A commencer par Hamadi Jebali qui lui aussi aurait menacé de s’en aller si aucun consensus ne se forme autour du remaniement.