Crise pétrolière au Burundi : La RDC interdit le trafic de carburant vers son voisin


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Puit de pétrole
Puit de pétrole

Face à la crise pétrolière au Burundi, la RDC interdit le trafic de carburant pour protéger son approvisionnement.

Depuis plusieurs semaines, le Burundi est plongé dans une crise socio-économique sévère, marquée par une pénurie aiguë de produits pétroliers. En réponse à cette situation, les autorités du territoire d’Uvira, en République démocratique du Congo (RDC), ont pris des mesures drastiques pour interdire le trafic de carburant vers le Burundi. Leur but ? Protéger leur propre approvisionnement.

Une décision radicale pour préserver l’approvisionnement local

L’administrateur du territoire d’Uvira, Jean de Dieu Mabiswa Selemani, a récemment annoncé l’interdiction totale du trafic de carburant à destination du Burundi. Cette décision vise à endiguer le flux important de carburant qui traverse les pistes frontalières en direction du Burundi. « Nous avons une mauvaise histoire par rapport à la gestion du carburant dans la cité de Sange », explique l’administrateur, rappelant un tragique accident en 2010 où plus de 300 personnes ont perdu la vie à cause de la mauvaise manipulation de carburant.

Des conséquences économiques et sociales imprévisibles

La mesure d’interdiction a des répercussions immédiates et profondes. Les automobilistes burundais, déjà affectés par la pénurie, voient les prix du carburant grimper en flèche. « Un bidon de 20 litres d’essence se négociait il y a quelques jours à 220 000 FBu, mais les prix ont atteint des pics de 350 000 FBu », rapporte un automobiliste dépité. Cette flambée des prix risque d’aggraver encore plus la situation économique déjà fragile du Burundi.

Les autorités locales face à la contrebande

L’administrateur d’Uvira souligne également les pertes économiques pour le trésor public congolais. On estime que plus de 5 000 litres de carburant traversent chaque jour la frontière, privant l’État de précieuses recettes fiscales. De plus, des rapports indiquent que certains agents de sécurité facilitent ce trafic illégal pour en tirer profit, ce qui a poussé l’administrateur à promettre des sanctions sévères. « Tout agent de service de sécurité qui sera appréhendé dans ledit trafic sera mis à la disposition de la justice », avertit Jean de Dieu Mabiswa Selemani.

Les autorités locales ont renforcé les mesures de sécurité le long des pistes frontalières pour empêcher tout trafic de carburant vers le Burundi. De Kiliba à Luvungi, en passant par Runingu, Kabunambo, Sange, Lubenzi et Bwegera, le trafic de carburant est désormais strictement interdit. Le commandant du Secteur Opérationnel Sukola 2 Sud Sud-Kivu a été chargé de l’exécution de cette décision afin d’assurant une vigilance accrue sur les frontières.

Les réactions des acteurs locaux

André Byadunia, acteur politique d’Uvira, conteste l’existence d’une pénurie de carburant au niveau local et critique l’absence de régulation des prix. « Il n’existe pas un accord bilatéral entre les deux pays », souligne-t-il. Pendant ce temps, les automobilistes burundais continuent de souffrir de la situation, contraints de payer des prix exorbitants pour un produit de première nécessité.

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