À Mayotte, le cyclone Chido a laissé des stigmates encore visibles. Cependant, à peine les vents apaisés, c’est une nouvelle tempête d’ordre diplomatique qui gronde. En effet, les récentes propositions de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, sur un renforcement de la politique migratoire relancent le débat houleux entre la France et les Comores.
Les réactions sont virulentes de part et d’autre.
Un durcissement législatif décrié
Bruno Retailleau a annoncé vouloir modifier le droit à la nationalité sur l’île. Actuellement, un enfant né à Mayotte peut devenir Français si l’un de ses parents y réside légalement depuis trois mois. Or, le ministre propose d’étendre ce délai à un an. Il argue que la situation actuelle favorise une « occupation clandestine« . Une déclaration qui a fait bondir Moroni, qui accuse Paris de vouloir fuir ses responsabilités historiques.
Parmi les mesures évoquées, l’utilisation de drones pour surveiller les fameuses embarcations « kwassa kwassa » a suscité l’indignation. Ainsi, ce projet est perçu comme une mesure radicale et symbolique d’un durcissement perçu par Moroni comme une déclaration implicite de défiance.
Réactions en cascade aux Comores
Les autorités comoriennes n’ont pas tardé à riposter. Hamada Madi Boléro, conseiller du président comorien, a qualifié ces propositions d' »indécentes » et « irrespectueuses« . De plus, il pointe du doigt une incohérence, rappelant que la France gère Mayotte depuis 1975 et ne peut accuser les Comores des problèmes qui y prévalent.
Un contexte marqué par la précarité
Alors que Mayotte se trouve face à une double crise, entre les dégâts causés par Chido et une pauvreté endémique, ces tensions n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. En effet, avec une maternité submergée où 74 % des naissances concernent des mères en situation irrégulière, le débat autour de la nationalité devient explosif.
Une fracture qui s’élargit
La relation France-Comores, déjà marquée par des décennies d’incompréhensions et de désaccords, semble s’éloigner d’un terrain d’entente. Par conséquent, alors que l’île peine à se reconstruire, les voix s’élèvent pour réclamer une solution durable qui respecte à la fois les droits humains et les réalités géopolitiques.