C’est dans un contexte tendu que se tient, du mardi 3 au jeudi 5 novembre, à Addis Abeba, en Ethiopie, un nouveau round de négociations entre les principales mouvances malgaches. Les discussions portent sur le partage des postes à la tête de la transition politique. Le président Marc Ravalomanana refuse que celui de président de transition soit attribué à son grand rival Andry Rajoelina. Principe que ses représentants avaient pourtant accepté à la faveur d’un accord signé le 6 octobre dernier.
Les principaux leaders malgaches sont réunis, depuis mardi et pour une période de trois jours à Addis Abeba, en Ethiopie, où ils doivent parvenir à un accord sur la sensible question du partage des postes à la tête de la transition politique. Autour de la table des négociations : l’actuel homme fort Andry Rajoelina, le président évincé Marc Ravalomanana, et les deux anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy.
Les négociations, qui se déroulent sous médiation internationale, s’annoncent difficiles. Marc Ravalomanana conteste l’ébauche de consensus à laquelle étaient parvenues les quatre mouvances politiques à l’issue des discussions de Maputo fin août et à Antananarivo début octobre, et se dit déterminé à « rebattre les cartes ». Le président évincé rejette, en particulier, l’attribution du poste de président de la transition à Andry Rajoelina par le Groupe international de contact (GIC), sous la médiation duquel un accord a été pourtant signé par les quatre mouvances politiques, le 6 octobre dernier. Il désavoue ainsi ses représentants, qui avaient accepté cette idée à la condition que Rajoelina ne puisse pas être candidat lors de la prochaine élection présidentielle, prévue avant la fin 2010. Andry Rajoelina avait de son côté accepté, à la faveur de cet accord, de se séparer de son fidèle Premier ministre, Monja Roindefo, au bénéfice du consensuel Eugène Mangalaza, au risque de créer des dissensions au sein de son propre camp.
Le président évincé Ravalomanana conteste désormais non seulement le poste de Président, mais aussi celui de Premier ministre et vice-président de transition. Dans un point de presse, tenu lundi à Addis Abeba, il a réclamé les ministères de l’Intérieur, de la Décentralisation, de la Justice et de l’Energie et des Mines, pour la compte de sa mouvance, rapporte La tribune de Madagascar. Il s’en est également pris à l’émissaire de l’Union africaine (UA), Ablassé Ouedraogo, qui avait annoncé le 6 octobre le partage de pouvoir qui désignait Andry Rajoelina comme Président de transition. Mais Ablassé Ouedraogo n’en démord pas. « Cette réunion a permis de débloquer la désignation d’un Premier ministre de consensus (…) A partir du moment où il n’y a plus de problème à ce niveau, de facto Andry Rajoelina assume la présidence de la Transition », a-t-il déclaré mardi à l’AFP.
«Lassitude quasi-générale » sur la Grande Île
L’ancien maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, doit quant à lui faire face à des protestations au sein de son propre camp. Son Premier ministre récemment écarté, Monja Roindefo, refuse de quitter son poste, et menace de créer une cinquième mouvance qui risquerait de compliquer davantage la situation.
C’est donc dans un contexte difficile que les négociations se sont ouvertes mardi à Addis Abeba. Visiblement irrité, le président de la commission de l’UA, Jean Ping, a animé mardi une conférence de presse où il en appelle à « la responsabilité des uns et des autres, devant l’Histoire » pour en finir avec cette crise qui persiste depuis janvier 2009. Le peuple malgache, rappelle-t-il, est plongé dans une « lassitude quasi-générale ».
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