Qui tente d’assassiner la médiation politique entreprise depuis plusieurs semaines par le syndicat tunisien, l’Union générale tunisienne du travail ?
La nouvelle sème la panique au sein de l’équipe de la puissante centrale syndicale tunisienne, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Le ministère de l’Intérieur a fait part à l’UGTT de menaces pesant sur ses membres. Voilà de quoi alimenter une pagaille politique pourtant en cours de résolution dans le pays. Depuis l’annonce de la nouvelle, l’accès au QG de la centrale syndicale, situé sur la place Mohamed Ali, à Tunis, est barricadé par les forces de l’ordre.
L’UGTT a publié un communiqué dans lequel il affirme que la direction syndicale fait l’objet d’un projet d’attaque terroriste. « La direction du syndicat a été informée de l’existence de menaces graves ciblant les dirigeants du syndicat (…) les informations proviennent des services compétents du ministère de l’Intérieur », indique l’UGTT sur sa page Facebook.
L’organisation établit un lien entre ces menaces et le rôle majeur qu’elle joue dans la crise politique en Tunisie, déclenchée depuis plus de deux mois après la mort de l’opposant Mohamed Brahmi. Coïncidences ou pas, ces menaces interviennent quelques jours à peine après l’annonce d’un plan d’entente entre l’opposition et la coalition au pouvoir qui a accepté la feuille de route de la médiation. Celle-ci prévoit un dialogue national entre l’opposition et les partis au pouvoir, trois semaines pour former un gouvernement d’indépendants, et un mois pour l’adoption de la nouvelle Constitution.
Qui est derrière la menace ?
Pour l’heure, aucune information ne permet de déterminer l’identité du ou des auteurs. Mais l’UGTT a déjà connu des menaces depuis la chute du régime de Ben Ali. En mai 2012, suite à la grève des agents municipaux qui réclamaient l’amélioration de leur situation matérielle, des groupuscules proches du parti islamiste Ennahda avaient déversé une montagne d’ordures devant le siège du syndicat. L’UGTT a été visée une seconde fois le 5 décembre 2012, lorsque les Ligues de protection de la révolution (LPR) avaient organisé une contre-manifestation devant son siège, jour de la célébration de l’anniversaire de l’assassinat de Farhat Hached. Ces organisations, réputées proches de la base militante d’Ennahda avaient été accusées par l’UGTT de constituer « des milices au service de Rached Ghannouchi » (le président d’Ennahda, ndlr), plus qu’au service du parti lui-même. Sont-elles concernées par ces menaces d’attaque ?
Une enquête a été ouverte afin d’identifier les individus qui se cachent derrière la menace terroriste contre l’UGTT. A l’heure où la Tunisie vit au rythme des assassinats politiques et des maquis de djihadistes, chaque scénario à son importance. Mais dans cette affaire, à qui profite le crime ?