Crise en Côte d’Ivoire : le Burkina Faso craint le pire


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Yaya Ramdé, connecté sur les sites d'information

Alors que le spectre de la violence plane sur une Côte d’Ivoire désormais bicéphale, le Burkina Faso voisin a le sommeil troublé. Avec près de cinq millions de ressortissants dans ce pays, les Burkinabè craignent de voir la Côte d’Ivoire basculer dans l’horreur.

De notre correspondant

L’imbroglio politique en Côte d’Ivoire inquiète au Burkina Faso, au point de bouleverser l’agenda de Blaise Compaoré. Censé prendre part les 6 et 7 décembre aux cinquièmes journées européennes de développement à Bruxelles, le président burkinabè a renoncé à son séjour bruxellois pour mettre le cap sur Abuja, au Nigeria, où, ce mardi 7 décembre, se réunissent en sommet extraordinaire, les Chefs d’État de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sans aucun dirigeant ivoirien.

Hier, à Ouagadougou, à l’occasion du lancement d’un nouveau vaccin contre la méningite en Afrique, le président du Burkina Faso s’est exprimé avec prudence sur la crise ivoirienne, ne prenant implicitement partie pour aucun des deux candidats investis présidents le week-end dernier à la tête de l’Etat à ivoirien, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. « Quand il y a une élection, il y a nécessairement un élu et il faut, bien sûr, sur la base des principes démocratiques, accepter que cet élu assume les charges présidentielles », a-t-il déclaré à la presse. Le chef de l’État burkinabè a, par ailleurs, reconnu que « la Côte d’Ivoire est dans une situation très difficile ». « Mais avec la Communauté internationale, l’Union africaine, la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et les Nations unies, nous sommes en train de travailler pour faire en sorte que les acteurs politiques, sur la base des résultats électoraux puissent s’accorder », a-t-il ajouté.

Jusque là, l’artisan des Accords Politiques de Ouagadougou s’était abstenu de toute déclaration depuis la proclamation des différents résultats du scrutin présidentiel ivoirien. Attitude de réserve bien compréhensible aux yeux de ses concitoyens. En s’alignant derrière un des présidents autoproclamés, Blaise Compaoré risque de faire peser gros sur la tête de ses cinq millions de compatriotes vivant en Côte d’Ivoire.

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« Les Burkinabè n’ont pas été impliqués dans les incidents de l’après-élection, mais vu qu’Alassane Ouattara a souvent été taxé de Burkinabè, on a peur que des représailles parviennent jusqu’aux nôtres. Chaque fois qu’il y a un problème au Nord, les Burkinabè et les Maliens en font les frais. La situation actuelle ne rassure pas du tout », s’alarme Yaya Ramdé, un Burkinabè né en Côte d’Ivoire. L’appréhension de voir la Côte d’Ivoire plongée de nouveau dans le chaos hante l’esprit des Burkinabè qui gardent en mémoire les événements de 2000, où environ 300 000 d’entre eux avaient été renvoyés du pays voisin. « J’essaie d’appeler en vain mon mari à Abidjan depuis hier, mais ça ne passe pas. Aucune communication ne passe. On a dit à la radio qu’il y a eu des morts. Je veux savoir », s’affole Marceline Kaboré, rapatriée en 1999, suite aux affrontements de Dabou. À la périphérie nord de la capitale burkinabè, où vivent désormais de nombreux Burkinabè expulsés de la Côte d’Ivoire, l’heure est aux vœux pieux. Tenant son enfant sur ses genoux, Alimata Sawadogo termine sa communication téléphonique avec son frère aîné depuis Abidjan par un « Dieu vous protège et épargne la Côte d’Ivoire ! »

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