La crise entre la Somalie et l’Éthiopie, qui a secoué la région de la Corne de l’Afrique pendant près d’un an, semble enfin trouver une issue grâce à la médiation de la Turquie. Les tensions ont éclaté en janvier 2023 après la signature d’un protocole d’accord entre le Somaliland, une région semi-autonome de la Somalie, et l’Éthiopie. Cet accord portait sur l’accès maritime de l’Éthiopie aux ports du Somaliland, notamment le port stratégique de Berbera.
L’Éthiopie, qui a perdu son accès à la mer avec la sécession de l’Érythrée dans les années 1990, cherchait ainsi à sécuriser des voies commerciales essentielles, un besoin urgent pour le pays, dont près de 90 % du commerce extérieur transite par des ports voisins. Cependant, cet accord a profondément bouleversé la Somalie, qui considère le Somaliland comme une partie intégrante de son territoire. La Somalie a dénoncé cette initiative comme une ingérence dans ses affaires internes et une violation de son intégrité territoriale.
Préservation de l’intégrité territoriale de la Somalie
L’Éthiopie, en signant cet accord, a de facto reconnu le Somaliland, une démarche qu’elle n’avait jamais entreprise auparavant. Cette décision a alimenté les tensions entre les deux pays voisins et a provoqué des réactions internationales, avec des condamnations de la Ligue arabe et des appels à la négociation. La situation s’est aggravée lorsqu’en avril 2023, l’Éthiopie a signé un accord avec l’État du Puntland, une autre région semi-autonome somalienne. En réponse, le gouvernement somalien a expulsé l’ambassadeur d’Éthiopie à Mogadiscio et fermé les consulats éthiopiens, une action qui a intensifié les tensions diplomatiques entre les deux nations.
C’est dans ce contexte que la Turquie, déterminée à apporter une solution pacifique à la crise, a lancé une série d’initiatives diplomatiques pour rapprocher les deux pays. Dès le mois de juillet, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a facilité des pourparlers bilatéraux à Ankara, réunissant les ministres des Affaires étrangères de l’Éthiopie et de la Somalie. Ces discussions ont débouché sur la « Déclaration conjointe d’Ankara », qui a permis de poser les bases d’un règlement pacifique en mettant l’accent sur la préservation de l’intégrité territoriale de la Somalie.
Engagement des deux pays à trouver une solution pacifique
Les efforts de la Turquie ont continué avec des visites diplomatiques et des rencontres régulières entre les responsables des deux pays. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lors d’un discours au Parlement éthiopien en juillet 2023, a réaffirmé sa volonté de ne pas voir la Somalie se diviser, un message qui a été bien accueilli par le gouvernement somalien. En août, les négociations ont franchi une nouvelle étape avec la reconfirmation de l’engagement des deux pays à trouver une solution pacifique aux différends, sous l’égide de la Turquie.
Le rôle de la Turquie dans ce processus de médiation a permis de créer un dialogue constructif entre des nations qui, historiquement, ont eu des relations tendues. L’accent mis par la Turquie sur la coopération régionale et sur des solutions mutuellement bénéfiques a ouvert la voie à un accord qui semble aujourd’hui à portée de main. Les négociations ont permis aux deux parties de s’accorder sur des principes clés, notamment la protection de l’intégrité territoriale de la Somalie et la gestion des questions d’accès maritime de l’Éthiopie.
Tournant dans les relations entre la Somalie, l’Éthiopie et le Somaliland
La Turquie a encouragé un compromis qui répond aux préoccupations sécuritaires et économiques des deux nations, tout en préservant la stabilité régionale. Ainsi, grâce à la médiation turque, la crise entre la Somalie et l’Éthiopie semble se diriger vers une résolution, mettant fin à une période de tensions qui aurait pu déstabiliser davantage la région de la Corne de l’Afrique. Si l’accord entre les deux pays est formellement signé, il pourrait marquer un tournant dans les relations entre la Somalie, l’Éthiopie et le Somaliland, tout en consolidant le rôle de la Turquie comme acteur clé de la diplomatie régionale.
L’intervention turque dans ce conflit démontre l’importance croissante de la Turquie dans les affaires diplomatiques africaines et son rôle de médiateur dans des crises complexes. Cela souligne également la volonté de la Turquie d’œuvrer pour la paix et la stabilité en Afrique de l’Est, un objectif qui s’inscrit dans une stratégie régionale plus large.