Crise diplomatique : le Burkina Faso rappelle ses ambassadeurs de Côte d’Ivoire


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Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso

Le Burkina Faso rappelle tous ses ambassadeurs de Côte d’Ivoire. Cela marque un tournant dans une crise diplomatique sans précédent entre les deux nations.

Les relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire traversent une période de turbulences sans précédent. Dernière manœuvre en date, Ouagadougou a rappelé l’intégralité de ses ambassadeurs en poste sur le territoire ivoirien. Une décision lourde de sens, qui n’a pas manqué de soulever de nombreuses questions. S’agit-il d’une simple mesure préventive ou d’une réaction à des tensions plus profondes ? Dans un contexte où les accusations mutuelles de déstabilisation fusent, ce geste diplomatique marque un tournant dans les relations entre les deux voisins ouest-africains. Décryptage.

Une décision radicale et inattendue

Le président burkinabè de la transition, Ibrahim Traoré, a pris une mesure drastique : le rappel immédiat de tous les diplomates burkinabè en poste en Côte d’Ivoire. Cette décision, selon les informations relayées par Jeune Afrique, n’a pas encore été formellement communiquée aux autorités ivoiriennes, un fait qui enfreint les normes diplomatiques habituelles. Le retour des ambassadeurs à Ouagadougou, bien que sans justification officielle claire, reflète le niveau de défiance actuel entre les deux gouvernements.

Depuis la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, Ouagadougou ne cesse d’accuser Abidjan d’actions visant à déstabiliser son gouvernement. Traoré a explicitement pointé du doigt la Côte d’Ivoire, ainsi que le Bénin, les accusant de fournir des bases à ceux qui chercheraient à affaiblir son régime. De leur côté, les autorités ivoiriennes, notamment le président Alassane Ouattara, ont toujours réfuté ces allégations, affirmant n’avoir aucun intérêt à nuire à leur voisin.

Une escalade qui ne date pas d’hier

Les tensions entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ne sont pas nouvelles. Depuis 2021, aucun des deux pays n’a d’ambassadeur en fonction sur le territoire de l’autre. En septembre 2021, l’ambassadeur ivoirien Kapieletien Soro a terminé sa mission à Ouagadougou sans qu’un remplaçant ne soit nommé. En novembre 2022, c’était au tour de l’ambassadeur burkinabè, Mahamadou Zongo, de quitter Abidjan. Cette absence de représentation diplomatique officielle dans les deux capitales illustre l’état déjà détérioré des relations bilatérales avant même le coup d’État de Traoré.

Des répercussions incertaines sur l’avenir des relations

La situation actuelle entre Ouagadougou et Abidjan semble de plus en plus difficile à désamorcer. Si cette décision de rappel des ambassadeurs est perçue comme une rupture de communication, elle pourrait également annoncer un éloignement diplomatique plus profond. L’absence d’un dialogue direct et franc pourrait renforcer les soupçons et les malentendus, avec des répercussions possibles sur la coopération régionale, notamment en matière de sécurité.

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