L’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte, ont rompu leurs relations avec le Qatar, invoquant le soutien de Doha soutien aux Frères musulmans et à l’Etat islamique. Mais derrière cette déclaration, cette décision vise surtout à affaiblir l’activisme diplomatique de l’émirat et à raviver les tensions avec l’Iran.
L’Arabie saoudite, Bahreïn, l’Égypte et les Émirats arabes unis ont rompu les relations avec le Qatar dans la pire crise diplomatique qui ait frappé les États arabes du Golfe depuis des décennies.
L’agence de presse étatique d’Arabie saoudite a annoncé ce lundi la rupture des liens diplomatiques avec le Qatar, affirmant qu’il cherchait à «protéger la sécurité nationale contre les dangers du terrorisme et de l’extrémisme». Les Émirats arabes unis accusent le Qatar de «financer et d’héberger» les Frères musulmans, un groupe islamiste considéré comme une organisation terroriste par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Cette décision a rapidement été suivie par un acte similaire des Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l’Egypte. La coalition arabe dirigée par l’Arabie Saoudite, qui lutte contre les rebelles du Yémen, a également expulsé le Qatar de son alliance, alléguant son soutien à « Al-Qaïda et Daesh, ainsi que les milices rebelles« . Le Yémen et les Maldives ont également réduit leurs liens avec le Qatar.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a publié une déclaration disant que les diplomates du Qatar avaient 48 heures pour quitter le pays alors que les citoyens du Qatar ont été informés qu’ils ont 14 jours pour quitter l’Arabie saoudite.
Le Qatar nie financer ou soutenir des groupes extrémistes et Doha a dénoncé cette décision «injustifiée» et «sans fondement» qui aurait en réalité un «objectif clair : placer le Qatar sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté», a affirmé le ministère qatari des Affaires étrangères.
La compagnie aérienne Emirate, basée à Dubai, a déclaré qu’elle suspendait tous les vols vers et départ de Doha à partir de mardi. Etihad Airways, basée à Abu Dhabi, suspendra également ses vols de Doha mercredi. D’autres voies aériennes dans les pays concernés devraient suivre l’exemple.
Ces déclarations ont entrainé des réactions populaires au Qatar avec de longues files d’attente dans les supermarchés pour faire des réserves de nourriture.
Tensions sur l’Iran
Ces tensions sont en réalité grandement liées aux récentes déclarations prétendument faits par l’Emir du Qatar Sheikh Tamim Al Hamad Al Thani qui aurait salué l’Iran en tant que «pouvoir islamique» et critiqué la politique du président américain Donald Trump à l’égard de Téhéran. Le Qatar a ensuite démenti ces déclarations, parlant d’un piratage informatique.
La tension n’a cessé de monter depuis la visite de Donald Trump à Riyad, où il avait appelé les pays musulmans à «chasser» les extrémistes et les terroristes tout en demandant d’isoler l’Iran.
L’Arabie saoudite a annoncé lundi que le ministère de la Culture et de l’Information a fermé le bureau d’Al-Jazeera dans le royaume.
Il y a deux théories concurrentes rapporte CNN. L’une est que l’Arabie Saoudite s’est senti enhardie après la visite de Donald Trump, et l’administration de Trump a eu une position forte contre l’Iran, qui est soutenue par le Qatar. L’autre théorie est qu’il s’agit effectivement d’une conséquence de du piratage de l’agence de presse du Qatar.
Une médiation prochaine du Koweït ou du sultanat d’Oman, les deux membres du Conseil de coopération du Golfe qui n’ont pas pris partie dans la querelle, ou éventuellement de la Turquie qui s’est proposée, pourrait calmer le jeu.