La région anglophone du Nord-Ouest du Cameroun, déjà marquée par une crise profonde, vient de subir un nouvel acte de violence. Frida Joko, deuxième adjointe au maire de Bamenda II et militante du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a été retrouvée sans vie, lundi 28 octobre au matin, dans le quartier Nchoubo, à Bamenda. Elle avait été portée disparue samedi soir, après avoir été enlevée par des hommes armés.
L’élue Frida Joko enlevée
Samedi, la capitale régionale de Bamenda accueillait une projection publique intitulée « Paul Biya, un grand homme au destin prodigieux ». Cet événement, organisé dans le quartier sécurisé de Upstation, se voulait un moment de rassemblement pour les partisans du RDPC. Cependant, la soirée a tourné au drame lorsque des tirs ont éclaté, entraînant la mort de deux habitants. Peu après, Frida Joko, qui quittait l’événement, a été enlevée par des assaillants non identifiés.
Le corps sans vie de l’élue a été découvert dans des circonstances sordides. Aucune revendication n’a suivi l’assassinat, mais les autorités locales pointent du doigt les groupes séparatistes anglophones. Simon Émile Mooh, préfet de la Mezam, dénonce « les dérives barbares » des groupes qualifiés de « terroristes » par le gouvernement, qui leur reproche d’attiser un climat d’insécurité croissante dans la région.
Construire un dialogue inclusif et pacifique
Les réactions sont vives face à cet acte tragique. Fon Nsoh, figure influente de la société civile à Bamenda, a pris la parole pour condamner ce meurtre. Le responsable a qualifié la violence de réponse inacceptable aux divergences politiques. Selon lui, il est urgent de construire un dialogue inclusif et pacifique, au lieu d’alimenter le cycle de violence.
Depuis huit ans, les régions anglophones du Cameroun sont plongées dans une crise sécuritaire et politique qui oppose le gouvernement central aux groupes séparatistes exigeant l’indépendance des zones anglophones. Le coordinateur de l’ONG Cominsud (Community Initiative for Sustainable Development) a réitéré un appel au calme. Il a exhorté tant les groupes armés que le gouvernement à envisager une nouvelle approche pour résoudre cette crise.
Attaques contre des civils et des personnalités publiques
Selon lui, la violence nourrit un climat de peur et de division qui ne fait qu’aggraver la situation. L’assassinat de Frida Joko, figure respectée de Bamenda II, met en exergue la précarité qui entoure la vie quotidienne dans le Nord-Ouest du Cameroun. Cette région demeure une zone où les conflits se traduisent régulièrement par des attaques contre des civils et des personnalités publiques.
De nombreux observateurs pointent un besoin urgent de médiation pour atténuer cette crise, qui menace de perdurer si des solutions concrètes ne sont pas envisagées. Les autorités de Bamenda renforcent les mesures de sécurité, mais le climat demeure tendu. Pour beaucoup, cet assassinat illustre les enjeux profonds de la crise anglophone au Cameroun, exacerbée par des années de méfiance, de violences et d’inaction politique.